Le Devoir

Une réduction de l’impôt des entreprise­s américaine­s devrait préoccuper le Canada

Un enjeu plus menaçant que l’ALENA, selon Jean Charest

- LIA LÉVESQUE

La baisse de l’impôt des entreprise­s que se propose d’annoncer le président américain, Donald Trump, devrait préoccuper les gouverneme­nts d’ici encore plus que l’ALENA. S’il va de l’avant, des décisions très urgentes devront être prises par les gouverneme­nts d’ici, prévient l’ancien premier ministre Jean Charest.

«À mon avis, c’est l’enjeu le plus important entre le Canada et les États-Unis actuelleme­nt. Dans l’ordre des choses, c’est un enjeu qui est plus menaçant pour nous que la négociatio­n de l’accord de libre-échange, oui», a-t-il lancé en point de presse.

M. Charest a participé, jeudi à Montréal, à une discussion sur les occasions d’affaires pour les entreprise­s québécoise­s dans le cadre de l’Accord de libre-échange nordaméric­ain (ALENA) et de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. L’événement était organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain.

Important impact

C’est dans ce cadre qu’il a manifesté ses craintes que le président américain réduise de 35 à 20% l’impôt des entreprise­s comme il envisage de le faire. Au Canada, l’impôt comparable est en moyenne de 27% et au Québec, de 26,9%, at-il noté. «S’il devait faire ça, ça aurait un impact très important sur les décisions d’investisse­ment au Canada, a averti l’ancien premier ministre du Québec. Il a l’intention de le faire; il va y arriver. Là, ça veut dire qu’il y a des décisions très urgentes à prendre au Canada pour s’ajuster.»

Quand on lui a demandé s’il voulait dire que les gouverneme­nts d’ici n’auraient d’autre choix que de baisser à leur tour l’impôt des entreprise­s, il n’a toutefois pas franchi ce pas. «Il va falloir qu’ils s’ajustent. C’est déjà bas, à 27%. Il faut voir venir. Il faut commencer à réfléchir sur nos options et je n’en vois pas beaucoup, moi. Si nos impôts à nous sont beaucoup plus élevés que ceux des Américains sur le plan des entreprise­s, on va perdre de l’investisse­ment», a-t-il répété.

Crainte d’une délocalisa­tion

Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, Michel Leblanc, est même allé plus loin, évoquant le spectre que des entreprise­s d’ici déménagent des activités vers les États-Unis si l’impôt des entreprise­s américaine­s devait être abaissé de façon significat­ive. «Si on veut que nos entreprise­s investisse­nt ici, il faut que nos entreprise­s puissent faire des bénéfices ici qui sont au moins aussi élevés que si elles étaient situées aux ÉtatsUnis. Si les États-Unis baissent les impôts, on va avoir des entreprise­s étrangères moins susceptibl­es d’investir à Montréal et au Québec. Et on va même avoir des entreprise­s québécoise­s plus susceptibl­es de déménager des activités aux ÉtatsUnis, où les impôts seraient plus bas », a affirmé M. Leblanc.

Il faut voir venir. Il faut commencer beaucoup.» à réfléchir sur nos options, et je n’en vois pas Jean Charest, ex-premier ministre du Québec

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Jean Charest

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