Le ton se durcit aux États-Unis, selon Raymond Chrétien
Le ton se durcit à Washington à propos du bois d’oeuvre, estime le négociateur du Québec dans ce dossier, Raymond Chrétien, qui continue de plaider pour une solution négociée entre le Canada et les États-Unis.
Autrement, un conflit commercial risque de «polluer l’atmosphère entre les deux pays pendant longtemps », a-t-il estimé jeudi, après avoir participé à un événement organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal en compagnie de l’ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis. «Je le sais parce que j’ai passé 40 ans de ma vie à Ottawa, a affirmé l’ex-ambassadeur canadien aux États-Unis. Tout le monde souhaite un règlement rapide de ce côté-ci de la frontière, mais ça ne sera pas facile, parce que les Américains sont dans un mode très protectionniste. »
Au sommet de la liste
Plus tôt cette semaine, dans le cadre de son audience de confirmation au Sénat américain, Robert Lighthizer, le représentant au Commerce désigné, a dit avoir placé le dossier du bois d’oeuvre au sommet de sa liste des priorités. Incité par plusieurs sénateurs républicains et démocrates à adopter la ligne dure à l’endroit du Canada, ce dernier a souligné que les compagnies américaines souhaitaient que des quantités limitées de bois d’oeuvre canadien puissent avoir accès au marché américain.
«Non, je ne suis pas surpris [par ces déclarations], a répondu M. Chrétien lorsque questionné à ce sujet. Ce n’est que la suite de ce que nous avons entendu depuis des mois. »
Entre-temps, puisque de nombreux postes sont toujours à pourvoir au département américain du Commerce, la période de flottement dans laquelle se trouvent Ottawa et Washington devrait s’étirer jusqu’à l’été. Des pourparlers peuvent toujours se dérouler entre les deux parties d’ici là, mais M. Chrétien s’attend à ce que les États-Unis fassent les premiers pas au cours de la période estivale, puisque l’équipe canadienne est déjà prête depuis longtemps. «Ce qu’il faut espérer actuellement, c’est que les droits compensatoires qui doivent être déterminés d’ici la fin d’avril ou au début du mois de mai ne soient pas trop élevés », a-t-il dit.
Garanties de prêts
Actuellement, les producteurs de l’Ontario et du Québec pressent Ottawa de leur accorder des garanties de prêts pour les aider à payer les droits et poursuivre leurs activités, advenant que de tels droits compensatoires — pouvant osciller entre 25 et 40% selon certains analystes — soient imposés à la frontière.
Des observateurs estiment que l’industrie canadienne du bois d’oeuvre est dans une meilleure position qu’il y a 10 ans pour faire face à un conflit commercial avec Washington, mais les plus petits producteurs du Québec et de l’Ontario seraient particulièrement vulnérables à l’imposition de droits compensatoires. Les producteurs de la ColombieBritannique ont usé de précautions en achetant des scieries aux États-Unis, principalement pendant la trêve sur le commerce du bois d’oeuvre.