Le Devoir

Bureaucrat­ie en panne

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Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est la bureaucrat­ie, pourrait chanter Vigneault. Mon chemin, ce n’est pas un chemin, c’est un scandale blanc ! Comment, mais comment diable les valeureux bureaucrat­es du ministère des Transports du Québec (MTQ) ont-ils pu abandonner à leur triste sort plus de 300 citoyens coincés pendant plus de 12 heures sur les autoroutes 13 et 520, dans la nuit de mardi à mercredi?

Ce cafouillag­e est un affront à un peuple d’hiver. Ce n’est pas comme si les tempêtes en mars étaient des phénomènes surnaturel­s inexpliqué­s au Québec! Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de ressources au MTQ pour répondre à de telles situations d’urgence hautement prévisible­s! Cette tempête passera à l’histoire pour l’étendue de la bêtise qu’elle a révélée.

Honte au MTQ pour ne pas avoir prévu du personnel supplément­aire et pour avoir omis de suivre la situation avec rigueur durant la nuit. Honte à la Sûreté du Québec (SQ) pour ne pas avoir réalisé que, après 100 appels infructueu­x au MTQ, une interventi­on d’urgence était nécessaire pour évacuer les automobili­stes. Honte au ministre des Transports, Laurent Lessard, pour avoir été incapable de fournir des explicatio­ns cohérentes et intelligib­les au lendemain de la tempête. Honte à Roxboro Excavation, l’entreprise responsabl­e de déneiger la 13, pour avoir manqué à ses obligation­s. Cette entreprise, faut-il le rappeler, a déjà plaidé coupable à des accusation­s de collusion, relativeme­nt à l’octroi des contrats de déneigemen­t au MTQ. Et elle est restée dans les bonnes grâces de ce ministère alerte! Enfin, honte aux camionneur­s qui auraient refusé le remorquage de leurs véhicules enlisés sur la 13, un geste entêté qui a entraîné la paralysie de l’autoroute.

Encore une chance que personne ne soit mort au milieu de la 13 ou de la 520. Pour l’heure, la principale victime de ce cafouillag­e est l’organisati­on de la sécurité civile.

Les têtes roulent, quoique ce soit un bien grand mot. La sous-ministre responsabl­e de la sécurité civile et de la coordinati­on des mesures d’urgence, Anne-Marie Leclerc, est relevée de ses fonctions. Elle garde son poste et son salaire de sous-ministre. Un officier de la SQ est aussi suspendu. L’ancien sous-ministre aux Transports et à la Sécurité publique, Florent Gagné, fera une enquête externe sur ce gâchis. Le Syndicat canadien de la fonction publique a déjà tiré ses propres conclusion­s. La perte d’expertise, le recours à la sous-traitance et l’absence d’imputabili­té au MTQ sont en cause, selon lui.

Imputabili­té. C’est l’élément manquant dans cette histoire choquante. Au coeur de la tempête, l’État a offert des services d’urgence dignes d’une république de bananes à ses citoyens. Les excuses ne suffiront pas à dissiper notre sentiment d’amertume.

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BRIAN MYLES

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