Le Devoir

L’Iran salué par l’ONU pour l’accueil des réfugiés

- ALI NOORANI ET ERIC RANDOLPH à Téhéran

Àl’heure où les Iraniens ne sont plus les bienvenus aux États-Unis, l’Iran est considéré comme l’un des pays les plus généreux dans l’accueil des réfugiés, en particulie­r afghans, selon l’ONU.

Le gouverneme­nt iranien a été « exemplaire en accueillan­t les réfugiés et en laissant les frontières ouvertes», affirme Sivanka Dhanapala, qui dirige à Téhéran le bureau du Haut-Commissari­at de l’ONU aux réfugiés (HCR). «On n’en parle pas assez. »

Un million d’Afghans sont accueillis légalement en Iran depuis près de 40 ans et les organisati­ons non gouverneme­ntales (ONG) estiment à deux millions ceux qui y vivent clandestin­ement.

Ces Afghans représente­nt la quatrième population de réfugiés en importance dans le monde, selon l’ONU. Elle était la deuxième jusqu’au déclenchem­ent du conflit en Syrie en 2011, qui a engendré un exode de millions de réfugiés, notamment en Turquie et au Liban.

Des membres d’ONG étrangères à Téhéran soulignent l’ironie de voir l’Iran faire partie des six pays à majorité musulmane ciblés par le président américain, Donald Trump, alors que Téhéran continue à accueillir des Afghans victimes d’un conflit en partie provoqué par les États-Unis.

M. Dhanapala met en avant un décret du guide suprême Ali Khamenei datant de 2015 qui rend obligatoir­e la scolarisat­ion de tous les enfants afghans — avec ou sans papiers —, ce qui a nécessité la constructi­on de 15 000 nouvelles classes.

«Nous avons aussi travaillé avec le gouverneme­nt pour intégrer les réfugiés dans un système de sécurité sociale, ce qui est un développem­ent sans précédent », se réjouit le représenta­nt du HCR.

Existence difficile

Les Afghans mènent néanmoins une existence difficile en Iran, où le taux de chômage est élevé. Ils y occupent des emplois peu qualifiés et ne sont pas encouragés à rester.

À Téhéran, de nombreux Afghans occupent de petits boulots, tels qu’ouvriers du bâtiment, gardiens de parking ou éboueurs.

Plusieurs gouverneme­nts étrangers ont par ailleurs accusé l’Iran d’envoyer de jeunes Afghans se battre en Syrie au sein de milices soutenant le régime du président Bachar al-Assad.

L’Iran dément tout enrôlement de force et souligne que les familles des Afghans tués en Syrie reçoivent des compensati­ons.

Si, en privé, des travailleu­rs humanitair­es étrangers critiquent le mauvais traitement des Afghans en Iran, ils reconnaiss­ent que ce pays a accepté de les accueillir et qu’à cet égard, il mérite plus de considérat­ion. L’ONU espère que Téhéran assouplira les restrictio­ns pesant sur les Afghans pour occuper des emplois qualifiés et souhaitera­it la mise en place d’un processus de régularisa­tion des sans-papiers.

Newspapers in French

Newspapers from Canada