Le Devoir

Le plan Pichet convainc Québec

Les deux partis d’opposition crient au manque de transparen­ce

- PHILIPPE PAPINEAU

Alors qu’une crise de confiance ébranle le Ser vice de police de la Ville de Montréal (SPVM), le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux et le maire de Montréal Denis Coderre se sont dits heureux des mesures proposées par le directeur Philippe Pichet dans un plan d’action déposé juste avant le week-end. Un plan qui ne sera dévoilé publiqueme­nt que vendredi prochain, au grand dam de l’opposition à Québec.

Dans une série d’entrevues accordées à quelques médias dimanche matin, Martin Coiteux a révélé avoir en main le plan d’action du directeur du SPVM Philippe Pichet, qui avait été mandaté par le ministre de la Sécurité publique pour trouver des solutions à la crise qui frappe le corps de police. L’émission JE a révélé en février de possibles fabricatio­ns de preuve au service des enquêtes internes du corps policier. Ces informatio­ns s’ajoutaient aux récentes allégation­s d’écoute de journalist­es.

«J’ai [en main] un plan d’action qui est extrêmemen­t sérieux, qui touche à tous les aspects importants de la situation. J’ai rencontré le directeur Pichet et j’ai vu un homme qui est totalement décidé à le mettre de l’avant, a déclaré M. Coiteux à TVA. J’ai confiance en la capacité du directeur Pichet de mettre ça de l’avant.»

C’est la première fois en plusieurs semaines que M. Coiteux affirme publiqueme­nt accorder sa confiance à Philippe Pichet.

Transparen­ce

On sait que le SPVM fera appel à l’expert en éthique Yves Boisvert, du Centre de recherche sur la gouvernanc­e (CERGO), et que les mesures proposées « s’attaquent directemen­t au problème des enquêtes internes », a dit M. Coiteux.

En point de presse dimanche, le maire Denis Coderre a affirmé que le plan «est extrêmemen­t sérieux», ajoutant qu’il faudra « poser des questions» et «s’assurer qu’il y aura un suivi ».

À la propositio­n du directeur Philippe Pichet, le plan d’action sera rendu public par la Commission de la sécurité publique (CSP) de la Ville de Montréal, une façon de faire approuvée par M. Coiteux. Les membres du CSP se rassembler­ont mercredi avant de tenir une assemblée publique vendredi, pendant laquelle M. Pichet présentera et défendra ses solutions.

Le porte-parole péquiste en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé, n’a pas apprécié cette façon de faire. «C’est une volonté de faire cavalier seul. Lui [Coiteux], il a le rapport, il sait ce qu’il y a dedans. Il a choisi les extraits et les angles qui l’intéressai­ent. C’est particulie­r, j’ai rarement vu une affaire comme ça… Ça n’a pas de bon sens », a-t-il déploré, visiblemen­t agacé.

M. Bérubé a demandé à son adversaire politique de faire preuve de plus de transparen­ce. « Les Montréalai­s et les Montréalai­ses sont capables de consulter un plan… Rendez le rapport public et les gens le jugeront », a-t-il ajouté.

Le porte-parole caquiste en matière de sécurité publique, André Spénard, a abondé dans le même sens que son homologue du Parti québécois quand il a été contacté par La Presse canadienne. «Le ministre a agi en vase clos. C’est une attitude assez récurrente chez lui», a-t-il dénoncé.

Le maire de Montréal, lui, estime que le processus proposé est adéquat. «J’ai entendu Pascal Bérubé […], la réalité c’est que c’est extrêmemen­t respectueu­x. […] Tout le monde s’est entendu au niveau de la CSP, j’ai parlé à la présidente ce matin. Mercredi ils vont faire leur travail et vendredi ça va être public.»

Culture et uniforme

Martin Coiteux a précisé que le plan du directeur Pichet ne va pas changer les choses du jour au lendemain au SPVM, et que l’améliorati­on de son image et de la confiance du public passe aussi par des actions des policiers eux-mêmes, évoquant les moyens de pression adoptés par les agents, dont le port de pantalons non réglementa­ires.

«J’ai des signaux comme quoi les négociatio­ns ont progressé, il y a des rapprochem­ents entre les partis, donc j’ai bon espoir que dans un temps assez bref un certain nombre de comporteme­nts pourront changer au SPVM, dont le port de l’uniforme.»

M. Coiteux a évoqué la possibilit­é d’une loi spéciale. «Je vais m’assurer d’être prêt à bouger si je dois le faire.»

C’est la première fois en plusieurs semaines que Martin Coiteux affirme publiqueme­nt accorder sa confiance à Philippe Pichet

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