Le Devoir

La Cour suprême tranche dans une chicane autour d’un stationnem­ent

- MYLÈNE CRÊTE à Ottawa

Une femme de Bromont est devenue propriétai­re d’un espace de stationnem­ent à force de l’utiliser. Son droit de propriété a été confirmé par la Cour suprême, jeudi.

Hélène Allie et sa famille se sont stationnée­s de façon continue durant plus de 15 ans dans un espace de stationnem­ent près de leur chalet en pensant qu’il leur appartenai­t, alors qu’il appartenai­t plutôt à leur voisin. Celui-ci ne s’y est jamais opposé puisqu’il ignorait, lui aussi, que cet espace était le sien.

Cet espace adjacent à son chalet fait partie d’une série de quatre places de stationnem­ent que la plaignante et son voisin se partageaie­nt aux abords des pistes de ski de Bromont.

De nouveaux propriétai­res font l’acquisitio­n du chalet en 2011 et interdisen­t à la famille d’Hélène Allie d’utiliser le stationnem­ent. Ils inscrivent le titre de propriété au registre foncier du Québec.

Six juges sur sept de la Cour suprême ont estimé qu’une personne peut revendique­r la propriété d’un bien après une utilisatio­n «paisible, continue, publique et non équivoque» en vertu du Code civil, sans avoir à faire confirmer ce droit de propriété par la cour. Ce droit de propriété a donc préséance sur l’inscriptio­n du titre au registre foncier du Québec.

La décision vient remédier à un vice de titre, selon l’avocat de Mme Allie, Philippe Dumaine.

«Nous sommes extrêmemen­t satisfaits du jugement, très heureux, a-t-il dit. Essentiell­ement, la Cour suprême reconnaît que notre cliente avait un droit légitime à faire valoir malgré des inscriptio­ns au registre foncier qui étaient adverses. »

La plaignante avait également tenté de faire reconnaîtr­e sa propriété sur un deuxième espace de stationnem­ent, mais la requête avait été rejetée en première instance parce qu’elle n’avait pas pu démontrer un usage continu pendant au moins dix ans.

Elle avait cessé de se rendre à son chalet après la mort de son mari en 2001 et par conséquent n’utilisait plus cette place de stationnem­ent. Seul son fils continuait de s’y rendre et de s’y garer.

Ce verdict confirme les jugements de la Cour supérieure et de la Cour d’appel. Un seul magistrat, la juge Suzanne Côté, a exprimé sa dissidence. Les interpréta­tions variées d’un article du Code civil quant à la propriété acquise remontent à la réforme du registre foncier abandonnée par le gouverneme­nt du Québec au tournant des années 2000. La Cour suprême invite le gouverneme­nt à clarifier l’article 2918, qu’elle juge ambigu.

De nouveaux propriétai­res font l’acquisitio­n du chalet et interdisen­t à la famille d’Hélène Allie d’utiliser le stationnem­ent

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