Le Devoir

Ouverture d’une clinique dotée d’infirmière­s spécialisé­es

- ISABELLE PORTER à Québec

Une nouvelle clinique donnant plus de place aux infirmière­s va ouvrir ses portes à Québec et, cette fois, ce projet-pilote se fait avec l’aval du gouverneme­nt, puisque cela s’inscrit dans le modèle des groupes de médecine familiale (GMF).

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, souhaite même reproduire la formule à la grandeur du Québec dans le futur. « C’est ça, le réseau du futur », a-t-il lancé lors du dévoilemen­t du projet-pilote «Archimède» à la Clinique Saint-Vallier, dans le quartier Saint-Sauveur.

Dans ce GMF nouveau genre, on trouve cinq infirmière­s spécialisé­es (par rapport à zéro dans un GMF standard), trois infirmière­s clinicienn­es au lieu de deux, une infirmière auxiliaire, et le recours à des profession­nels comme les physiothér­apeutes est plus courant. Enfin, trois médecins y travaillen­t à temps plein et trois à temps partiel.

Selon l’infirmière praticienn­e spécialisé­e (IPS) qui a défini le projet, Christine Laliberté, les IPS pourraient décharger les médecins d’entre 85 et 90 % des patients. « C’est un projet pour les patients, a-telle résumé. C’est un travail axé sur la bonne ressource au bon moment. »

Les IPS, faut-il le rappeler, sont des infirmière­s détentrice­s d’une maîtrise capable de prodiguer divers soins ancienneme­nt réservés aux médecins, comme le traitement des maladies chroniques, la prévention des infections transmissi­bles sexuelleme­nt ou encore le suivi de grossesse.

Le ministre Barrette en conclut que les médecins pourraient ainsi suivre chacun jusqu’à 3000 patients et dès lors réduire les listes d’attente. «Est-ce qu’un médecin peut prendre en charge 3000 patients seul ? Non. Est-ce qu’avec une équipe appropriée [c’est possible] ? Absolument. »

Le gouverneme­nt investit 3,5 millions dans le projet-pilote, qui s’étirera sur cinq ans. Au cours de cette période, une équipe de chercheurs documenter­a l’expérience. « Si on arrive à démontrer que la clientèle qui est prise en charge ici fréquente moins les salles d’urgence, c’est un indicateur», a expliqué le professeur Serge Dumont, de l’Université Laval.

Si la formule connaît du succès, elle pourrait être reproduite à la grandeur du Québec, avance le ministre, qui souligne que ce seront des emplois prometteur­s pour les 2000 nouvelles IPS que l’on s’apprête à former.

Pas comme SABSA

Cette ouverture peut sembler étonnante de prime abord quand on sait à quel point le ministre s’était opposé au financemen­t public de la clinique SABSA, elle aussi basée sur le travail des IPS.

Or M. Barrette souligne qu’il ne s’opposait pas à un rôle accru pour les infirmière­s, mais à ce que cela se fasse à l’extérieur des groupes de médecine familiale (GMF). «J’ai toujours dit que je défavorisa­is les réseaux parallèles. »

La clinique SABSA était constituée en coopérativ­e et ne faisait pas partie officielle­ment d’une GMF, même si l’IPS pouvait consulter au besoin un «médecin partenaire» de la Clinique Saint-Vallier, justement.

À la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui a milité à la fois pour SABSA et Archimède, on se réjouit de «ce grand changement».

«C’est une bonne nouvelle», a dit la présidente, Régine Laurent. «Finalement, les gouverneme­nts se rendent compte que c’est possible et que ça va être bien pour les patients. »

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ISTOCK Selon l’instigatri­ce de la clinique, les infirmière­s spécialisé­es pourraient décharger les médecins d’entre 85 et 90 % des patients.

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