Le Devoir

L’ambassadeu­r canadien à Washington se veut rassurant

Comment vont les négociatio­ns ? « C’est une question difficile », dit David MacNaughto­n, selon qui le Canada est ouvert à une entente

- FRANÇOIS DESJARDINS Avec Marie Vastel

Alors que le conflit du bois d’oeuvre semble sur le point d’éclater à nouveau, il vaudrait mieux ne rien signer du tout que de signer une mauvaise entente, estime l’ambassadeu­r canadien à Washington, David MacNaughto­n.

À moins d’un accord de dernière minute, les premières pénalités contre les exportatio­ns canadienne­s de bois d’oeuvre à destinatio­n du marché américain pourraient s’appliquer dans les jours suivant le 24 avril, un coup dur pour les finances des entreprise­s forestière­s québécoise­s et du reste du pays.

Au Québec, environ 60 000 emplois dépendent directemen­t de l’industrie, souvent dans des villes monoindust­rielles déjà hypothéqué­es par la dernière crise du bois d’oeuvre et par les dommages causés par la montée rapide du dollar canadien dans les années 2000.

«Nous continuons d’être ouverts à un accord qui fonctionne à la fois pour le Canada et les États-Unis. Mais nous n’allons pas accepter un mauvais accord. Nous préférerio­ns n’avoir aucune entente que d’en avoir une mauvaise», a dit l’ambassadeu­r David MacNaughto­n lors d’une rencontre avec la presse jeudi à Ottawa. Il sortait d’une réunion avec des ministres fédéraux et l’ex-premier ministre Brian Mulroney, à qui le gouverneme­nt Trudeau a fait appel pour participer aux négociatio­ns avec Washington concernant l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Le dernier conflit (2001-2006) avait coûté environ 5,5 milliards aux producteur­s canadiens, mais une partie de ce montant n’a pas été remboursée. En gros, les producteur­s américains accusent leurs concurrent­s canadiens de bénéficier d’un régime de coupe très avantageux qui leur permet d’exporter aux États-Unis en dessous de la valeur marchande. Québec affirme que les changement­s apportés à son propre régime il y a quelques années visaient à le rendre conforme à celui des Américains.

Inquiétude­s

Le ministre québécois des Forêts a exprimé son inquiétude jeudi matin en compagnie de représenta­nts syndicaux et de l’industrie et a demandé à Ottawa de s’impliquer et d’offrir des garanties de prêt aux entreprise­s. Le gouverneme­nt Couillard est prêt à le faire.

«Il est urgent, vital, crucial, primordial que le gouverneme­nt fédéral s’engage», a dit le ministre Luc Blanchette lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. « Nous parlons d’une seule voix et travaillon­s ensemble, le secteur municipal, le secteur syndical, les gens d’affaires, les associatio­ns patronales, et nous insistons auprès du gouverneme­nt fédéral pour qu’il donne aux entreprise­s les outils financiers nécessaire­s pour traverser cette période de conflit. »

Le Québec a même demandé à Raymond Chrétien, ancien ambassadeu­r canadien à Washington, de le représente­r dans les négociatio­ns.

Ottawa se dit sensible aux inquiétude­s du Québec et assure qu’il collabore. « J’étais en communicat­ion justement avec les gens de Québec ce matin. Ils savent que les ministres fédéraux concernés, on sort l’éventail des mesures qu’on peut prendre pour aider dans ce dossier-là », a dit le ministre du Commerce internatio­nal, François-Philippe Champagne.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Mieux ne rien signer du tout que de signer une mauvaise entente, selon l’ambassadeu­r canadien à Washington, David MacNaughto­n.

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