Le Devoir

Piétons en péril

- YVES CHARTRAND

Dansledern­ierbilan«routier»dela SAAQ, on mentionne qu’il y a eu en 2016 40 % de plus de piétons décédés au Québec après avoir été heurtés par un véhicule. Si je pense à ma propre expérience quotidienn­e de piéton, je n’en suis pas surpris. Ma conjointe et moi habitons sur « l’autoroute d’Iberville », près de la rue Hochelaga à Montréal. Nous nous mettons sur le mode défensif dès que nous descendons l’escalier de notre domicile. Nous nous retrouvons sur une rue de quartier, en pente depuis Sherbrooke, menant à la «rue» Notre-Dame et à l’autoroute est-ouest, et des automobili­stes klaxonnent si le chauffeur qui les précède ne va pas assez vite à leur goût ou tente de se stationner. Craintifs même en utilisant le trottoir, nous nous retrouvons coin Iberville et De Rouen. Les automobile­s descendent la côte d’Iberville tellement vite que nous avons même peur de traverser à cette intersecti­on sur le feu vert tellement certains conducteur­s poursuiven­t leur élan et tournent à gauche à toute vitesse. Le virage, tant à gauche qu’à droite, à un tel endroit devrait être interdit.

De plus, cet hiver, je me suis fait renverser par une voiture à l’intersecti­on Lafontaine et Pie-IX en revenant de mon travail, heureuseme­nt sans conséquenc­e grave, hormis une raideur dans le cou et quelques contusions. Un automobili­ste m’a renversé en tournant à droite alors que je traversais sur le décompte chiffré pour les piétons. Le conducteur dit qu’il ne m’a pas vu…

Intimidati­on

Je voudrais également signaler que de plus en plus d’automobili­stes ne s’immobilise­nt plus au coin des rues même avec des piétons à proximité. D’autres nous intimident carrément avec leurs voitures de plus en plus grosses ou des camions de plus en plus longs. J’oserais même dire que certains utilisent leur véhicule comme une arme et nous menacent parce que nous sommes tout simplement dans leur chemin, qu’ils n’ont pas de temps à perdre et qu’ils sont frustrés par je ne sais quoi. On ne peut souhaiter, sans y croire vraiment, que la vitesse soit réduite à 30km/h partout en ville, que les traverses de piétons souvent effacées soient repeintes régulièrem­ent et plus nombreuses avec un poteau au milieu indiquant le montant d’amende de 100$, et que la surveillan­ce policière soit accrue. En attendant, c’est au péril de notre vie que nous nous déplaçons chaque jour. Paradoxale­ment, nous sommes les grands négligés de la circulatio­n, alors que nous sommes ceux et celles qui polluent le moins en marchant et en utilisant le transport en commun et qui coûtent le moins cher en frais de santé en faisant de l’exercice tous les jours. Allez y comprendre quelque chose.

Certains utilisent leur véhicule comme une arme et nous menacent parce que nous sommes tout simplement dans leur chemin

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