Oui à l’école communautaire
Le projet récemment mis de l’avant afin d’adapter l’école aux besoins de l’heure consiste en une aventure aussi ambitieuse que nécessaire. Bien sûr, certains manifesteront leurs réserves puisque des chasses gardées seront en jeu. En contrepartie, la perspective d’avenir de l’école conviviale au profit de sa communauté devrait susciter l’intérêt, et une participation intensive, afin de préciser un plan de relance pour une institution devenue désuète, mais cruciale à l’essor du Québec.
Tout projet requiert son financement, soit par de l’argent frais ou par des économies d’efficience. À cette fin, transformer l’école en un centre multifonctionnel municipal permettrait de réaliser des économies substantielles étant donné qu’actuellement, leur taux d’occupation dans le temps est déplorable. De même qu’un certain nombre d’édifices sous la gouverne des villes ou des municipalités sont également sousutilisés pendant les heures de classe à l’école.
Des espaces à multiples usages accessibles à la communauté, voilà un moyen efficace de réduire les coûts afin de mieux desservir la collectivité. En fait, il ne suffit donc pas de revoir la conception et l’aménagement de l’école uniquement en regard de sa vocation première, mais de rendre également disponibles en tout temps des locaux pour des initiatives communautaires.
Dans l’ensemble, le taux d’occupation dans le temps de nos écoles primaires et secondaires est déplorable. En effet, pour des fins scolaires, ces établissements maintenus à grands frais sont occupés moins de 200 jours par année et libres en soirée. Les activités autres qu’éducationnelles, peu nombreuses, sont hors de la mission d’une commission scolaire. Par ailleurs, les villes et les municipalités possèdent de même des installations récupérables pour fin éducationnelle ou communautaire.
Des structures anachroniques
Dans l’optique de l’école communautaire, la gestion des édifices devra être confiée aux municipalités ou aux organismes paramunicipaux. Cependant, les commissions scolaires, dans leur forme actuelle ou révisée, conserveront la gestion du personnel enseignant ainsi que le transport des élèves.
Pour l’histoire, les commissions scolaires, instituées à l’origine en fonction d’impératifs linguistiques et religieux, légitimes à l’époque, ont perdu depuis leurs finalités d’origine. Elles sont devenues anachroniques dans leur forme actuelle. Ce mode de gestion fait figure d’exception, en marge de meilleures pratiques de gestion intégrées ailleurs en Amérique comme en Europe.
Au Québec, le transfert des installations scolaires a déjà été proposé et bien reçu dans certains milieux. Ainsi, le maire Coderre a exprimé le désir de considérer la prise en charge de ces infrastructures. Actuellement, Montréal doit négocier des ententes avec deux commissions scolaires aux fins d’activités sportives.
En région, le principe offre des avantages d’autant plus intéressants, puisqu’à l’intérieur des paramètres actuels, des villages peinent à garder leur école locale. Or, un centre multifonctionnel adapté à leurs nécessités devient donc une solution concevable.
Enfin, on répète qu’il faut un village pour élever un enfant, soit. Encore faut-il que le village existe, qu’on lui trouve un centre, un sens commun. Bref, un point d’attache identitaire, l’âme de la communauté. Comme l’a si bien décrit le regretté Fernand Dumont: « L’héritage de la Révolution tranquille a aussi eu ses effets pervers, soit la perte de lieux d’ambitions communautaires.» D’où l’on doit attribuer la cause principale de l’état anémique de la responsabilité individuelle en manière de vivre en collectivité.