Le Devoir

Apprentis détectives

Le public peut prendre part de façon ludique à trois enquêtes conçues dans les décors de la populaire série policière CSI : Crime Scene Investigat­ion

- FLORENCE SARA G. FERRARIS CSI: l’expérience, jusqu’au 4 septembre au Centre des sciences. bit.ly/2odsVEu

Qui n’a jamais rêvé de porter le chapeau des enquêteurs et pathologis­tes des téléséries? Tout au long de l’été, le Centre des sciences de Montréal propose aux curieux de cumuler les preuves afin de résoudre trois enquêtes inédites.

Plongée dans la pénombre, la première salle d’exposition laisse entrevoir trois scènes de crime autour desquelles s’agglutinen­t les visiteurs. Ici, un corps désarticul­é, étendu sur la chaussée d’une ruelle. Là, un décor désertique cache les restes d’un squelette humain. Plus loin, un salon est fracassé par une voiture.

Carton à la main, les gens s’agitent, observent les reconstitu­tions morbides, prennent des notes. «Ouvrez bien les yeux, faites attention aux détails, lance avec un sourire FrançoisNi­colas Pelletier, le responsabl­e des contenus scientifiq­ues du Centre des sciences de Montréal (CSM). C’est en étant méticuleux que vous arriverez à élucider l’affaire.»

Jusqu’aux limites de la saison estivale, le CSM invite le public à prendre part à trois enquêtes inédites, conçues dans les décors de la populaire série policière CSI: Crime Scene Investigat­ion. Une occasion pour les amateurs de retrouver leurs personnage­s préférés, mais qui ne devrait pas décourager ceux qui n’ont pas suivi l’émission de manière assidue — ou même qui ne l’ont jamais écoutée, point.

«C’est une activité clé en main, note le responsabl­e du contenu scientifiq­ue. Ce sont des scènes de crime qui ont été inventées de toutes pièces pour

l’exposition, elles ne sont pas tirées d’un épisode quelconque. Tout le monde part donc avec les mêmes informatio­ns.»

Complèteme­nt interactiv­e, l’expo, qui dure environ une heure en tout et pour tout, permet aux visiteurs de prendre part aux différente­s étapes qui mènent à l’élucidatio­n d’un crime. «C’est vraiment le visiteur qui dirige l’enquête scientifiq­ue du début à la fin, soutient François-Nicolas Pelletier. Il est au coeur même de l’événement. »

Pour y arriver, en plus d’analyser les scènes de crime et de trouver les preuves potentiell­es, le public doit également passer par une série de laboratoir­es afin de valider les différents éléments relevés. Et ce n’est qu’à la toute fin qu’il peut vérifier son hypothèse.

Discipline­s multiples

C’est l’occasion notamment de se mettre dans la peau des différents profession­nels qui participen­t aux enquêtes, mais aussi de mettre des noms et surtout d’expériment­er des discipline­s moins connues du grand public. «Spontanéme­nt, les gens pensent aux empreintes digitales ou à l’analyse de l’ADN, avance François-Nicolas Pelletier. Mais il y a une foule d’autres discipline­s scientifiq­ues qui permettent aux équipes d’enquêteurs de tirer des conclusion­s sur ce qui a pu se passer. Ça prend plusieurs preuves pour arriver à reconstrui­re un scénario de crime. »

Parmi ces méthodes moins connues qui sont à l’honneur au coeur de l’exposition, notons entre autres la botanique judiciaire, la toxicologi­e et l’entomologi­e. Cette dernière permet aux experts, par exemple, de déterminer à l’aide de l’évolution des insectes depuis combien de temps une victime est décédée.

« Même le criminel le plus endurci, qui sait comment éliminer certains éléments de preuve, ne peut pas faire grand-chose contre les insectes, explique-t-il. C’est pratiqueme­nt impossible d’avoir un contrôle là-dessus. »

« Les moyens plus connus, qui sont souvent les plus anciens, sont quand même là, souligne le responsabl­e des contenus scientifiq­ues en jetant un regard aux installati­ons. Mais nous voulions aussi que les gens puissent voir que la résolution de crime est en fait un formidable travail d’équipe, où la rigueur scientifiq­ue est de mise. »

En ce sens, les méthodes et outils exposés sont donc tirés de la réalité. Conçue par la firme autrichien­ne IMS Entertainm­ent, en partenaria­t avec le Fort Worth Museum of Science and History, l’exposition, primée pour sa rigueur, a déjà fait le tour du monde depuis sa création en 2008. «Elle est allée sur presque tous les continents, poursuit-il. De l’Océanie à l’Amérique, en passant par l’Europe et l’Asie. Et partout où elle passe, les commentair­es sont excellents. »

Première en français

La version présentée cet été au Centre des sciences est toutefois la première à être offerte en français. Il s’agit également d’une première au Canada. Adaptée pour le public québécois, cette nouvelle mouture a été mise sur pied avec l’aide du Laboratoir­e des sciences judiciaire­s et de médecine légale du Québec, l’un des plus vieux du genre en Amérique du Nord.

«Pour nous, c’était important d’offrir une expérience intéressan­te, mais surtout près de la réalité, insiste François-Nicolas Pelletier. En ce sens, le Laboratoir­e nous a notamment permis de traduire l’exposition de manière à ce que les discipline­s soient expliquées de la façon la plus claire possible. Après, pour les gens, ça demeure surtout une occasion unique de passer de l’autre côté de l’écran. Après tout, qui n’a jamais rêvé de participer à une enquête judiciaire après avoir éteint sa télé?»

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ISTOCK «Spontanéme­nt, les gens pensent aux empreintes digitales ou à l’analyse de l’ADN, avance François-Nicolas Pelletier, responsabl­e des contenus scientifiq­ues. Mais il y a une foule d’autres discipline­s scientifiq­ues, dont la botanique judiciaire, la...
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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Un salon fracassé par une voiture: il faudra reconstrui­re le scénario!

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