Le Devoir

La SHDM privatisée sans l’accord du contentieu­x

- JEANNE CORRIVEAU

Lors de son témoignage jeudi au procès du Faubourg Contrecoeu­r, l’ex-directrice du contentieu­x de la Ville de Montréal, Line Charest, a dit avoir appris «par hasard» l’intention de l’administra­tion de Gérald Tremblay de transforme­r la Société d’habitation et de développem­ent de Montréal (SHDM) en organisme privé.

C’est un appel téléphoniq­ue de Me François Gagnon, directeur juridique au ministère des Affaires municipale­s, qui lui a mis la puce à l’oreille en 2006. Me Gagnon avait demandé à Mme Charest que, par lettre, le d.g. de la Ville, Claude Léger, confirme l’appui de la Ville à une demande de la SHDM.

En prenant connaissan­ce du projet de lettre du d.g., Line Charest a réalisé que la SHDM changerait de statut. «On l’a appris par hasard », a dit Mme Charest. Dans ce dossier, le contentieu­x avait été écarté, la Ville ayant préféré faire appel à une firme d’avocats externe, a rappelé celle qui est aujourd’hui juge à la Cour municipale de Montréal.

C’est la SHDM qui a piloté le dossier du Faubourg Contrecoeu­r et vendu un terrain de la Ville à Constructi­on F. Catania. Six personnes, dont l’ex-président du comité exécutif de la Ville, Frank Zampino, font face à des accusation­s criminelle­s relativeme­nt à cette affaire.

La transforma­tion de la SHDM en organisme privé faisait en sorte que celle-ci ne serait plus soumise à la Loi sur l’accès à l’informatio­n ni assujettie aux règles d’octroi de contrats en vigueur à la Ville. Elle deviendrai­t « une société totalement autonome », a expliqué Line Charest.

Mme Charest a signifié son désaccord à l’égard du projet à son supérieur, le directeur des affaires corporativ­es, Robert Cassius de Linval. La SHDM a tout de même changé de statut.

C’est la SHDM qui a vendu un terrain de la Ville à Constructi­on F. Catania

La gestion de Fillion

Témoignant en après-midi, Carl Bond, directeur de la gestion immobilièr­e à la SHDM, a décrit le style de gestion du d.g. de la SHDM, Martial Fillion, un ancien directeur de cabinet de Gérald Tremblay. Selon Carl Bond, il était évident que M. Fillion était issu du monde politique et il n’avait pas de vision stratégiqu­e. «Il n’était pas très intéressé par la gestion immobilièr­e », a dit le témoin.

M. Bond estime que M. Fillion entretenai­t de bonnes relations avec Frank Zampino. « Martial Fillion nous parlait beaucoup de ses discussion­s avec Frank Zampino. Il l’appelait par son prénom. Il disait: “Frank est d’accord. Alors on peut aller de l’avant”.» Normalemen­t, quand M. Fillion disait avoir l’accord de Frank Zampino pour une résolution, celle-ci était adoptée par le C.A. de la SHDM. Carl Bond a d’ailleurs qualifié le C.A. de «faible».

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