Le Devoir

SNC-Lavalin dit avoir perdu d’importants contrats

- JULIEN ARSENAULT

Les accusation­s criminelle­s qui pèsent contre SNC-Lavalin l’ont empêchée de décrocher d’importants contrats à l’étranger l’an dernier, affirme le président et chef de la direction de la firme d’ingénierie, Neil Bruce.

En marge de l’assemblée annuelle de la multinatio­nale, jeudi à Montréal, celui-ci en a profité pour inciter une fois de plus Ottawa à s’inspirer des systèmes mis en place dans certains autres pays, comme aux États-Unis, qui permettent notamment aux entreprise­s de régler des cas de corruption et ainsi d’éviter d’être désavantag­ées lorsqu’elles se disputent des contrats avec des firmes rivales. «Nous estimons avoir perdu des contrats […] parce que nous faisons face à des accusation­s alors que deux de nos concurrent­s ont pu mettre ces événements derrière eux», a expliqué M. Bruce, au cours d’une conférence de presse, en marge du rendez-vous annuel.

SNC-Lavalin réfute les accusation­s de fraude et de corruption déposées par la Gendarmeri­e royale du Canada relativeme­nt à des gestes qui auraient été posés par certains de ses ex-employés en Libye. D’après la police fédérale, la firme aurait versé 47,7 millions à des titulaires de charges publiques en Libye dans le but de les influencer. De plus, ses divisions constructi­on et internatio­nal auraient privé diverses organisati­ons locales d’environ 129,8 millions. En après-midi, le ministère fédéral de la Justice n’avait pas répondu aux questions envoyées par La Presse canadienne.

Questionné à ce sujet, le grand patron de SNC-Lavalin n’a pas quantifié l’impact financier des contrats ou nommé les compagnies qui avaient coiffé la firme québécoise au fil d’arrivée. Au terme du dernier exercice, terminé le 31 décembre, la valeur du carnet de commandes de la société était de 10,7 milliards, en baisse de presque 11 % sur un an.

Acquisitio­n à réaliser

Par ailleurs, SNC-Lavalin ne voit pas pourquoi elle ne serait pas en mesure de réaliser l’acquisitio­n de la firme britanniqu­e WS Atkins d’ici la fin du troisième trimestre après avoir annoncé la transactio­n de 3,6 milliards le 20 avril dernier.

M. Bruce ne s’est pas formalisé du fait que le fonds d’investisse­ment activiste Elliott Capital détient une participat­ion de 6,8% dans la firme britanniqu­e. Le fonds new-yorkais, qui possède également des bureaux à Londres, avait dévoilé sa participat­ion après le dépôt de l’offre de SNC-Lavalin. « Ils ont acheté leurs actions en bas du prix que nous offrons [20,80livres sterling par action], a-t-il dit. Ça serait une belle occasion si une autre offre était déposée. Je crois que les chances que cela se produise diminuent chaque jour. Nous ne considéron­s pas [Elliott Capital] comme un obstacle.»

SNC-Lavalin peut se permettre cette acquisitio­n grâce à un prêt de 1,5 milliard consenti par la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui achètera aussi pour 400 millions de nouvelles actions de la firme.

La firme de génie a également profité de son assemblée annuelle pour dévoiler ses résultats du premier trimestre terminé le 31 mars, période au cours de laquelle elle a affiché une baisse de ses profits et revenus. SNC-Lavalin a engrangé un bénéfice net de 89,7 millions, ou 60¢ par action, par rapport à 122,1 millions, ou 81¢ par action, il y a un an. Ce recul s’explique par un gain après impôts de 51,1 millions réalisé en 2016 à la suite de la vente d’actif. De leur côté, les revenus ont reculé de 6,5 %, à 1,85 milliard.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Lors de l’assemblée annuelle de SNC-Lavalin, le président et chef de la direction, Neil Bruce, n’a pas quantifié l’impact financier des contrats perdus.

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