L’Irlande veut devenir la porte d’entrée de l’Europe
Le premier ministre irlandais compte profiter du Brexit pour se démarquer
Àla veille de l’entrée en vigueur de l’accord de libreéchange entre le Canada et l’Union européenne, l’Irlande veut profiter du Brexit pour devenir l’allié privilégié du Canada sur le marché européen.
De passage à Montréal jeudi pour rencontrer son homologue Justin Trudeau, le premier ministre irlandais, Enda Kenny, a vanté les mérites de l’Accord économique et commercial global (AECG), tout en se positionnant comme un partenaire naturel du Canada.
«Quand le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne, l’Irlande sera le seul pays anglophone de l’Union européenne, et nous croyons que nous pouvons être une porte d’entrée intéressante pour l’investissement du Canada en Europe, comme ce fut le cas pour les États-Unis il y a plusieurs années», a déclaré M. Kenny lors d’un point de presse, en marge d’un discours prononcé devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Ardent défenseur de l’Union européenne, le leader irlandais a dit regretter le départ de son voisin et ami. Il croit que le Royaume-Uni a pris une mauvaise décision et il n’a pas du tout l’intention de l’imiter.
« Nous percevons l’AECG comme un important aspect de notre développement économique futur», a-t-il souligné lors de son allocution.
Échanges et investissements
Le Canada achète davantage de biens en provenance d’Irlande qu’il n’en vend au pays européen. En 2016, les importations ont atteint 1,9 milliard de dollars — surtout des médicaments et des appareils médicaux —, alors que les exportations se sont chiffrées à 496 millions — en bonne partie des médicaments et des avions.
Le premier ministre Kenny a souligné que l’investissement direct étranger continue d’être un «facteur clé» du développement économique de l’Irlande, avec la présence de quelque 1300 multinationales de différentes tailles sur son territoire. Celles-ci peuvent profiter de la fiscalité avantageuse du pays, où le taux d’imposition des sociétés est de 12,5 %.
Jeudi, le chef d’État n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion d’inviter les entreprises canadiennes à investir chez lui. « [L’AECG] est une belle occasion pour l’Europe et le Canada de travailler ensemble, pour l’Irlande et le Canada de travailler ensemble. Nous voyons un énorme potentiel de part et d’autre en matière de commerce, d’occasions d’affaires, d’exportations et d’importations.»
Ratification à venir
Le premier ministre Trudeau a pour sa part insisté sur les liens qui unissent le Canada et l’Irlande. «J’espère que nous allons continuer de travailler sur nos priorités communes, y compris notre volonté d’être des leaders en innovation et de construire des sociétés qui profitent à tous, et non seulement au 1% le plus riche.»
«En concluant [l’AECG], le Canada, l’Irlande et tous les partenaires européens ont fait preuve de leadership sur la scène internationale, et nous attendons avec impatience [son]
entrée en vigueur dans les prochains mois», a-t-il affirmé.
L’accord Canada-Union européenne a été ratifié par le Parlement européen, mais le Canada doit maintenant faire de même pour permettre son entrée en vigueur provisoire. À ce moment,
plus de 90 % des mesures de l’entente devraient être appliquées, en attendant le vote des législatures nationales européennes et de certains gouvernements régionaux.