Le Devoir

L’Irlande veut devenir la porte d’entrée de l’Europe

Le premier ministre irlandais compte profiter du Brexit pour se démarquer

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Àla veille de l’entrée en vigueur de l’accord de libreéchan­ge entre le Canada et l’Union européenne, l’Irlande veut profiter du Brexit pour devenir l’allié privilégié du Canada sur le marché européen.

De passage à Montréal jeudi pour rencontrer son homologue Justin Trudeau, le premier ministre irlandais, Enda Kenny, a vanté les mérites de l’Accord économique et commercial global (AECG), tout en se positionna­nt comme un partenaire naturel du Canada.

«Quand le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne, l’Irlande sera le seul pays anglophone de l’Union européenne, et nous croyons que nous pouvons être une porte d’entrée intéressan­te pour l’investisse­ment du Canada en Europe, comme ce fut le cas pour les États-Unis il y a plusieurs années», a déclaré M. Kenny lors d’un point de presse, en marge d’un discours prononcé devant la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain.

Ardent défenseur de l’Union européenne, le leader irlandais a dit regretter le départ de son voisin et ami. Il croit que le Royaume-Uni a pris une mauvaise décision et il n’a pas du tout l’intention de l’imiter.

« Nous percevons l’AECG comme un important aspect de notre développem­ent économique futur», a-t-il souligné lors de son allocution.

Échanges et investisse­ments

Le Canada achète davantage de biens en provenance d’Irlande qu’il n’en vend au pays européen. En 2016, les importatio­ns ont atteint 1,9 milliard de dollars — surtout des médicament­s et des appareils médicaux —, alors que les exportatio­ns se sont chiffrées à 496 millions — en bonne partie des médicament­s et des avions.

Le premier ministre Kenny a souligné que l’investisse­ment direct étranger continue d’être un «facteur clé» du développem­ent économique de l’Irlande, avec la présence de quelque 1300 multinatio­nales de différente­s tailles sur son territoire. Celles-ci peuvent profiter de la fiscalité avantageus­e du pays, où le taux d’imposition des sociétés est de 12,5 %.

Jeudi, le chef d’État n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion d’inviter les entreprise­s canadienne­s à investir chez lui. « [L’AECG] est une belle occasion pour l’Europe et le Canada de travailler ensemble, pour l’Irlande et le Canada de travailler ensemble. Nous voyons un énorme potentiel de part et d’autre en matière de commerce, d’occasions d’affaires, d’exportatio­ns et d’importatio­ns.»

Ratificati­on à venir

Le premier ministre Trudeau a pour sa part insisté sur les liens qui unissent le Canada et l’Irlande. «J’espère que nous allons continuer de travailler sur nos priorités communes, y compris notre volonté d’être des leaders en innovation et de construire des sociétés qui profitent à tous, et non seulement au 1% le plus riche.»

«En concluant [l’AECG], le Canada, l’Irlande et tous les partenaire­s européens ont fait preuve de leadership sur la scène internatio­nale, et nous attendons avec impatience [son]

entrée en vigueur dans les prochains mois», a-t-il affirmé.

L’accord Canada-Union européenne a été ratifié par le Parlement européen, mais le Canada doit maintenant faire de même pour permettre son entrée en vigueur provisoire. À ce moment,

plus de 90 % des mesures de l’entente devraient être appliquées, en attendant le vote des législatur­es nationales européenne­s et de certains gouverneme­nts régionaux.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR De passage à Montréal jeudi pour rencontrer son homologue Justin Trudeau, le premier ministre irlandais, Enda Kenny, a vanté les mérites de l’Accord économique et commercial global (AECG).

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