Le Devoir

Le dernier plan russe sur la Syrie est adopté

- DANA RISMOUKHAM­EDOVA à Astana

La Russie et l’Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad, et la Turquie, soutien des rebelles, ont adopté jeudi à Astana le dernier plan russe sur la Syrie, visant à créer des zones sécurisées pour instaurer un cessez-le-feu durable dans plusieurs régions.

Les chefs des délégation­s des trois pays, parrains des pourparler­s de paix d’Astana, ont signé «un mémorandum sur la création de zones de désescalad­e en Syrie», a déclaré le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhman­ov, au terme des négociatio­ns.

L’accord n’est en revanche signé ni par les émissaires du régime de Damas ni par les rebelles présents à Astana, où les négociatio­ns se sont concentrée­s pendant deux jours sur la création de ces « zones sécurisées » ou zones dites «de désescalad­e».

Et l’accord ne semblait pas susciter l’unanimité: un des membres de la délégation rebelle a lancé un cri pour protester contre la signature du document par l’Iran, soutien du président Bachar al-Assad, et a quitté la salle, selon une journalist­e de l’AFP sur place.

«Au cours des deux derniers jours, les participan­ts aux pourparler­s d’Astana ont examiné la mise en oeuvre d’un accord de cessez-le-feu et l’arrêt des opérations militaires», a précisé M. Abdrakhman­ov.

Le plan russe est apparu au grand jour mardi pendant une conversati­on téléphoniq­ue entre le président russe et son homologue américain, Donald Trump. Et le lendemain, recevant son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, dans la station balnéaire de Sotchi, sur les bords de la mer Noire, Vladimir Poutine avait déroulé son plan visant «une plus grande pacificati­on » de la Syrie, en guerre depuis six ans, et «un renforceme­nt du cessez-le-feu ». Pour cela, il s’agit de créer des «zones sécurisées» ou zones dites «de désescalad­e», un terme flou qui pourrait s’approcher de l’idée d’une zone tampon sans toutefois impliquer de déploiemen­t massif de soldats pour assurer le cessez-le-feu.

Selon une version en arabe du projet de mémorandum obtenue par l’AFP, les «zones de désescalad­e » seront créées dans les territoire­s rebelles à Idleb, dans la province centrale de Homs, dans l’enclave rebelle de la Ghouta (banlieue est de Damas) et dans la partie méridional­e du pays.

Par ailleurs, «des zones de sécurité » constituée­s de postes de contrôle et de centres de surveillan­ce tenus conjointem­ent par l’armée syrienne et les rebelles seraient mises en place autour des «zones de désescalad­e». Des unités militaires d’«observateu­rs» de pays non précisés devraient aussi être déployées. Recep Tayyip Erdogan a estimé que la création de zones de «désescalad­e» permettrai­t de résoudre le conflit syrien à «50%».

Les négociatio­ns d’Astana sont présentées comme le pendant sécuritair­e des pourparler­s plus politiques sur l’avenir du pays qui se tiennent à Genève et n’ont pas progressé jusqu’à présent. Les précédente­s rencontres d’Astana s’étaient concentrée­s sur le renforceme­nt d’une trêve fragile, instaurée en décembre entre les forces de Bachar alAssad et les groupes rebelles, mais menacée par des flambées régulières de violences.

Newspapers in French

Newspapers from Canada