L’école privée, un remède contre le nivellement vers le bas en éducation !
S ’il y a un débat en éducation qui ne se démode pas, c’est bien celui de la prétendue dualité opposant les secteurs privés et publics. Habituellement, celui-ci occupe l’espace médiatique à l’automne; il aura fallu que Gabriel Nadeau-Dubois, lui-même un ancien élève de l’école privée, relance le débat en plein printemps pour que l’opinion publique s’enflamme une fois de plus. Résultat : on répète ad nauseam les mêmes arguments année après année. En effet, il s’agit de l’un des rares dossiers d’actualité qui est récurrent et dont on n’apprend rien de plus d’une année à une autre. Bref, on débat pour débattre.
Cela dit, au-delà des perpétuelles questions financières, sociales, culturelles, éthiques et politiques, comment voir la présence des écoles privées québécoises différemment?
Une école privée subventionnée en est une qui est autonome. Bien évidemment, elle ne l’est pas complètement sur le plan financier, mais elle l’est sur le plan décisionnel. Ces décisions y sont prises localement, bien souvent après consultation des acteurs qui y gravitent : membres du personnel, parents, élèves, conseil d’administration, etc. Une fois prises, ces dernières sont implantées immédiatement, puisqu’il n’existe pratiquement aucune structure bureaucratique ralentissant les initiatives du milieu. L’école privée a les moyens de mettre en oeuvre les idées qui sont générées par sa communauté, et ce, autant sur le plan humain qu’organisationnel.
Il est donc plus simple de mobiliser les acteurs, puisque tous prennent part aux initiatives locales. La rétroaction à la suite de la mise en place ne tarde pas et cette information importante n’est pas noyée dans une mer d’intervenants oeuvrant sur divers paliers décisionnels.
L’école privée subventionnée implique donc une meilleure accessibilité aux instances ainsi qu’au personnel qui encadre les élèves.
L’obligation d’innovation
Bien souvent, l’école privée subventionnée permet des percées novatrices en éducation. Cela va de soi: elle vend des services éducatifs à une clientèle qui choisit de s’affranchir d’un service similaire offert gratuitement. Cette école doit se remettre constamment en question et justifier son existence. Elle se doit d’innover. C’est une question de survie.
Quand on y pense, cela rompt avec le modèle où la clientèle scolaire (ce terme en fait sursauter plus d’un qui y collent automatiquement une connotation mercantile ou néolibérale) doit consommer des services éducatifs de façon obligatoire, jusqu’à 16 ans. Trop longtemps, le milieu scolaire a été l’un de ces très rares marchés qui pouvaient peu se soucier des attentes de sa clientèle pour subsister. Entièrement subventionné par le gouvernement, et ce, peu importe le rendement de l’école, de la commission scolaire ou du personnel en place, l’élève a fini par être tenu pour acquis, lui qui doit obligatoirement être présent en classe. En somme, la clientèle est contrainte à consommer des services scolaires prédéterminés.
L’école privée offre un choix, et avoir des choix, c’est une composante inéluctable d’une démocratie. Également, avoir des choix et devoir payer pour un produit déjà offert gratuitement implique que les écoles doivent faire face à des attentes élevées de la part des payeurs, et ce, autant en ce qui concerne les parents que le gouvernement.
L’école privée subventionnée n’a pas le choix de satisfaire les attentes. En fait, de nos jours, on s’attend à plus que simplement satisfaire les attentes d’une clientèle; il est question de les dépasser. D’où la place centrale de l’innovation dans bon nombre de ces écoles… Il est désormais question de justifier son existence et de demeurer pertinent dans le monde scolaire.
L’école privée subventionnée tire le monde scolaire québécois vers le haut depuis longtemps. Le nouveau débat public entourant les subventions de ces écoles a tendance à évacuer ce fait ou encore à prétendre que c’est justement grâce au trésor public que les écoles privées subventionnées sont en mesure d’innover. Si on argumente dans cette logique, le réseau public devrait innover encore plus, non ?
Enfin, pour mieux comprendre les campagnes de dépréciation des écoles privées subventionnées, on doit en revenir au constat de base en éducation québécoise au XXIe siècle: ceux qui innovent et qui font autrement sont victimes de l’effet beige, cet immense vortex uniformisateur qui nivelle sans cesse vers le bas au nom de l’équité et de l’égalité des chances, et ce, autant pour les élèves que le personnel scolaire !