Le député Nadeau-Dubois fait ses premiers pas
Le député de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois, veut colmater les « fissures » dans «les murs de la solidarité» de la société québécoise, y voyant la «condition indispensable de l’égalité et de la liberté».
M. Nadeau-Dubois a trouvé mardi la « grande maison du peuple» salie par des affaires de « corruption ». «Trop de scandales de corruption ont affecté cette honorable institution, qui est censée tracer la ligne entre le juste et l’injuste», at-il déclaré devant des dizaines de personnes rassemblées dans la salle du Conseil législatif afin d’assister à sa prestation de serment.
Le porte-parole masculin de Québec solidaire a reproché à ceux qui ont dirigé le Québec d’avoir gouverné en fonction des « humeurs capricieuses » de «maîtres que personne n’a élus » dont, au premier chef, les marchés financiers. «Nous connaissons aujourd’hui les conséquences de l’application de cet ordre: les murs de la solidarité se fissurent et les inégalités augmentent », a dit le porte-parole masculin de Québec solidaire, dénonçant du même souffle l’obsession des gouvernements successifs pour le «déficit zéro».
Sous le regard du secrétaire général de l’Assemblée nationale, M. Nadeau-Dubois a prêté coup sur coup le serment d’allégeance à la reine du Canada, Élizabeth II, «en attendant l’émergence d’une république libre forgée en partenariat avec les autochtones », et le serment de loyauté envers le peuple québécois.
Ne faisant ni une ni deux, l’ex-figure de proue de la grève étudiante du printemps 2012 a déposé une première motion afin de «félicite[r] le gouvernement libéral ontarien», qui a promis de fixer le salaire minimum à 15$ l’heure. M. Nadeau-Dubois presse le gouvernement Couillard de « s’inspirer de cette décision progressiste du gouvernement ontarien qui bénéficiera aux travailleuses et aux travailleurs, mais aussi à l’économie et aux entreprises locales et régionales». «Il y a un “momentum” autour de cette question-là», a fait valoir l’élu de 27 ans, vêtu d’un costume sur lequel il a accroché l’épinglette officielle de l’Assemblée nationale — là où se trouvait un petit carré de feutre rouge il y a cinq ans. Le gouvernement libéral n’était pas du même avis. Il a balayé sa motion du revers de la main.
M. Nadeau-Dubois dit s’être vu confier un mandat « clair » et « fort » par les électeurs de Gouin, qui ont appuyé sa candidature à hauteur de 69,3% dans la course à la succession de Françoise David. « Ils m’ont donc donné ce mandat, en connaissant la manière dont je veux faire de la politique, c’est-à-dire pas pour faire plaisir, pas pour faire l’unanimité, mais pour faire avancer les idées, pour susciter des débats, pour faire avancer un projet de société», a-t-il déclaré lors d’un point de presse dans le foyer de l’hôtel du Parlement.
«Ça fait du bien d’avoir du renfort», a lancé la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé, à dix jours de la relâche parlementaire.
Par ailleurs, l’ex-porte-parole de la CLASSE s’est fait rattraper au Parlement par son refus de condamner des actions violentes perpétrées en marge des manifestations du printemps 2012. «Dans une société démocratique, la violence n’est pas un moyen de faire avancer ses idées », a-t-il fait valoir aux côtés de Manon Massé et d’Amir Khadir. À ce sujet, Québec solidaire a «toujours été impeccable», a-t-il insisté. Le nouvel élu s’est cependant abstenu de condamner la désobéissance civile. Le recours à la désobéissance civile doit être «évalu[é] au cas par cas », selon lui. «Dans l’histoire des démocraties, il y a eu de nombreux moments où la désobéissance civile pacifique a été utilisée pour contrer des décisions qui étaient illégitimes, qui étaient injustes», a-t-il relaté.