Le Devoir

L’Alliance des professeur­s s’oppose à « l’école à la carte »

- MARCO FORTIER

L’Alliance des professeur­es et des professeur­s de Montréal dit craindre la mise en place d’une «école à la carte» qui menacerait le contrat de travail des enseignant­s. C’est pour cette raison que le syndicat ferme la porte aux classes regroupant des élèves de trois niveaux dans des écoles alternativ­es de Montréal.

Cette décision du syndicat sème l’émoi à l’école alternativ­e Rose-des-Vents, dans le quartier Rosemont. Depuis 30 ans, cette école se démarque par ses classes hors de l’ordinaire, formées d’élèves de 1re, 2e et 3e année, puis de 4e, 5e et 6e année. Pour la prochaine rentrée scolaire, l’Alliance des professeur­s a refusé de renouveler son appui au projet.

«Le contexte a changé», a expliqué la présidente de l’Alliance, Catherine Renaud, lors d’un point de presse lundi.

Le syndicat qui représente 9000 enseignant­s craint les effets de la nouvelle loi 105, qui ouvre la porte à la refonte du projet éducatif de toutes les écoles. Cette loi risque de «multiplier de façon exponentie­lle les demandes d’ententes particuliè­res », estime l’Alliance des professeur­s.

«Ça ne sera pas gérable» si chacune des écoles de la CSDM met en avant un projet éducatif nécessitan­t une entente particuliè­re, fait valoir Catherine Renaud. Le syndicat dit protéger l’intérêt collectif de ses membres avant tout.

Virage «inclusif»

Le syndicat s’oppose aussi au virage vers « l’inclusion » d’élèves handicapés ou ayant des troubles d’apprentiss­age dans des classes ordinaires proposées par la CSDM. Trois projets-pilotes « d’inclusion » devaient prendre place dans des écoles à la rentrée de l’automne prochain, mais leur sort paraît incertain en raison de l’appui inégal à ces initiative­s.

«On peut croire que ce projet expériment­al peut se répandre dans toutes les écoles de la CSDM », estime Catherine Renaud.

Pas du tout, réplique la commission scolaire : il s’agit de trois projets-pilotes réclamés par les écoles ellesmêmes, selon la CSDM. Et il est hors de question d’étendre ces projets à l’ensemble de la commission scolaire. La CSDM souhaite aussi renouveler l’entente qui permet les classes multiâges à l’école Rose-des-Vents.

«Il faut mettre notre pied à terre » pour freiner les ententes particuliè­res qui créent des «risques d’éclatement de notre contrat de travail», affirme la présidente de l’Alliance des professeur­s.

Un système «mur à mur»

Cette prise de position met en colère les parents et les enseignant­s de l’école Rose-des-Vents et de l’école Le Vitrail, elle aussi située dans Rosemont, et qui réclame des classes regroupant des élèves de trois niveaux dans un même local.

«Le problème est dans le système que représente l’Alliance des professeur­s. Ce système n’a pas de respect pour les différence­s », dit Pierre Chénier, du Réseau des écoles publiques alternativ­es du Québec.

«Dans un système où tout va mal, il me semble qu’on devrait faire attention aux belles histoires, s’insurge Annick Daigneault, mère de deux enfants à l’école Rose-des-Vents. L’Alliance a décidé de saboter un projet qui fonctionne bien. »

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Des écoliers et des parents de l’école Rose-des-Vents ont manifesté lundi leur désir de conserver leurs classes à trois niveaux.

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