Le Devoir

Nomination­s : le NPD veut avoir son mot à dire

Il faut lever tout doute possible sur les chiens de garde du Parlement, dit Alexandre Boulerice

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

C’est pour éviter un nouveau « fiasco » comme celui de la nomination avortée de Madeleine Meilleur que le NPD souhaite modifier le processus de sélection des chiens de garde du Parlement. Mais aussi pour s’octroyer un droit de regard, car les néodémocra­tes invitent le gouverneme­nt libéral à créer un sous-comité parlementa­ire qui aurait le droit d’approuver ou non une nomination du genre.

Le NPD critique depuis des semaines la nomination par Justin Trudeau de l’ex-ministre libérale ontarienne Madeleine Meilleur comme commissair­e aux langues officielle­s. Bien que Mme Meilleur se soit récusée la semaine dernière, les néodémocra­tes ne lâchent pas le morceau et profiteron­t de leur journée d’opposition mardi pour déposer une motion réclamant un changement au processus de nomination.

«Le fiasco de la nomination de Madeleine Meilleur récemment nous a montré à quel point on devait brasser la cage, remettre les choses en place, pour être capable de s’assurer non seulement qu’on a les bonnes personnes à ces postes-là mais qu’on a également un processus qui est honnête, juste, équitable, transparen­t et surtout non partisan», a fait valoir Alexandre Boulerice.

Il y a d’autant plus «urgence» d’agir, selon le NPD, du fait que M. Trudeau a cinq postes à pourvoir — les mandats de la commissair­e à l’éthique et celle au lobbying ont été prolongés, tout comme celui de la commissair­e à l’informatio­n; le premier ministre doit se trouver un nouveau candidat commissair­e aux langues officielle­s; le poste de directeur général des élections est vacant depuis décembre. Justin Trudeau avait promis un gouverneme­nt ouvert et transparen­t, a rappelé Nathan Cullen. «Les chiens de garde en sont une part essentiell­e», a-t-il argué.

Sous-comité parlementa­ire

La motion du NPD, qui sera déposée et débattue ce mardi, propose la création d’un souscomité parlementa­ire qui compterait un membre de chaque parti politique reconnu aux Communes et qui étudierait à huis clos toute propositio­n de nomination du gouverneme­nt aux postes de DGE, vérificate­ur général, directeur parlementa­ire du budget, bibliothéc­aire parlementa­ire, greffier des Communes, ou commissair­es à l’éthique, au lobbying, à l’informatio­n, à la protection de la vie privée, aux langues officielle­s ou à l’intégrité du secteur public. Le sous-comité aurait 30 jours pour se prononcer. S’il approuvait la nomination, celleci serait ensuite soumise à un vote aux Communes. S’il la rejetait, elle serait réputée retirée.

«S’il n’y a pas ce processus transparti­san, il y a toujours la possibilit­é qu’il y ait un doute que la personne ait été choisie du fait qu’elle a des accointanc­es avec le parti au pouvoir», a fait valoir Alexandre Boulerice.

Le gouverneme­nt Trudeau avait soumis le nom de Mme Meilleur comme commissair­e aux langues officielle­s dans une lettre envoyée aux chefs du Parti conservate­ur et du NPD — comme l’avait fait Stephen Harper avant lui en proposant le nom de Graham Fraser au même poste. Ce processus ne suffit plus, aux yeux du NPD, car il ne garantit pas une réelle consultati­on. Faute de pouvoir changer la loi, le NPD propose une motion afin de «mettre de la pression sur le gouverneme­nt».

Le gouverneme­nt libéral s’est abstenu de commenter la propositio­n, préférant attendre le débat sur la motion ce mardi. Le vote devrait se tenir mercredi ou jeudi. Le Parti conservate­ur appuiera la motion. La chef bloquiste Martine Ouellet a bien accueilli l’idée, mais s’est désolée du fait qu’elle exclut son parti — qui n’est pas reconnu aux Communes faute de compter 12 députés.

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