Le Devoir

Restaurati­on des sites miniers abandonnés : Québec accélère quelque peu la cadence

- ALEXANDRE SHIELDS

Le gouverneme­nt Couillard compte dépenser beaucoup plus dès cette année dans la restaurati­on des sites miniers abandonnés dont il a la charge. Mais il devra investir encore plus de fonds publics s’il veut respecter l’échéancier fixé pour venir à bout de cet héritage toxique.

Selon les données fournies au Devoir par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), Québec a dépensé 18,8 millions en 2016-2017 pour restaurer certains des quelque 500 sites miniers dont il doit s’occuper.

Ce montant se situe au-dessus de la moyenne des investisse­ments annuels depuis 2007, qui se situait à 12,8 millions. Au total, depuis 10 ans, le gouverneme­nt a ainsi consacré 152,7 millions au nettoyage de ces sites.

Le MERN a toutefois confirmé que le gouverneme­nt Couillard entend augmenter substantie­llement ses investisse­ments dans la restaurati­on des sites miniers. Ainsi, on prévoit y consacrer 82,4 millions en 2017-2018. C’est quatre fois plus que l’an dernier, et six fois plus que la moyenne de la dernière décennie.

Toujours selon ce qu’a précisé la direction des communicat­ions du MERN, « cette évaluation [des investisse­ments prévus pour 2017-2018] sera mise à jour et rendue publique à l’automne ». Cela signifie que le montant de 82,4 millions pourrait être revu à la hausse.

Ce montant est en effet insuffisan­t pour permettre au gouverneme­nt de respecter le plan de restaurati­on qu’il a annoncé l’an dernier. En vertu de ce plan, le gouverneme­nt espère «réduire le passif environnem­ental» de 80% d’ici 2022. Cela implique l’investisse­ment d’au moins 620 millions de fonds publics.

775 millions

Pour parvenir à son objectif de 2022, Québec devrait donc dépenser en moyenne 124 millions chaque année. Cette somme est plus importante que la valeur des redevances minières perçues en 2014 et en 2015, les deux années les plus récentes pour lesquelles des données sont disponible­s.

La facture totale pour l’ensemble des 498 sites miniers abandonnés est quant à elle évaluée à 775 millions.

Pour parvenir à son objectif de 2022, Québec devrait dépenser en moyenne 124 millions chaque année

Parmi les sites à restaurer à la charge du gouverneme­nt québécois, plusieurs sont d’anciennes mines ayant connu une exploitati­on. Certains de ces sites ont besoin de travaux de décontamin­ation qualifiés de majeurs par Québec.

Des travaux de restaurati­on ont d’ailleurs été entrepris en priorité sur ces sites problémati­ques, dont certains contiennen­t des résidus miniers acides.

Plusieurs sites sont en AbitibiTém­iscamingue, une région où l’industrie minière est très présente. L’État a aussi hérité de sites d’exploratio­n minière. Seulement au Nunavik, on a déjà compté jusqu’à 275 de ces sites, dont 18 sites classés « majeurs ».

Appelé à commenter l’injection de centaines de millions de dollars dans la restaurati­on de sites abandonnés par le secteur privé, le Parti québécois a fait valoir qu’ «il n’y a que l’État qui peut s’en occuper ».

Le parti souhaitera­it toutefois que le MERN soit «plus transparen­t» dans ce dossier. Québec solidaire a pour sa part affirmé que le gouverneme­nt devrait évaluer la possibilit­é d’imposer «une redevance minière spéciale» pour financer les travaux.

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LIA LEVESQUE LA PRESSE CANADIENNE La facture totale pour l’ensemble des 498 sites miniers abandonnés au Québec est évaluée à 775 millions.

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