Le Devoir

« Je vais vous sortir du pétrin », dit May aux conservate­urs

- MAUREEN COFFLARD à Londres

La première ministre britanniqu­e, Theresa May, a tenté de désamorcer la fronde des députés conservate­urs lors d’une réunion des Tories au Parlement, quatre jours après les élections législativ­es qui l’ont vu perdre sa majorité absolue à la Chambre des communes.

«Je vous ai mis dans ce pétrin, je vais vous en sortir», a assuré Theresa May aux députés qui l’avaient accueillie en frappant sur les tables pendant une trentaine de secondes en signe d’approbatio­n.

La première ministre se présentait dans une position fragilisée pour avoir convoqué des élections législativ­es anticipées et mené une campagne jugée désastreus­e, qui a abouti à la perte de sa majorité absolue.

Alors que plusieurs personnali­tés politiques ont réclamé sa démission au lendemain des résultats, et que la solidarité autour de Theresa May ne semblait que de façade ces derniers jours, son leadership n’a pas été remis en cause, selon plusieurs députés conservate­urs présents lors de la réunion.

«Elle a gagné, elle doit rester première ministre », a soutenu l’un d’eux à la sortie de la réunion.

La chef du gouverneme­nt a évoqué les négociatio­ns avec le parti nord-irlandais ultra-conservate­ur DUP, menées en vue de constituer une majorité absolue au parlement.

Elle a affirmé que le DUP n’aurait aucune influence sur la politique de reconnaiss­ance des droits des homosexuel­s ou sur la neutralité du gouverneme­nt britanniqu­e en Irlande du Nord, deux sujets qui avaient déclenché de nombreuses critiques dans l’opposition.

Cette réunion s’est tenue peu de temps après l’annonce, faite par la BBC, que la cérémonie d’ouverture du Parlement, prévu lundi prochain et à l’occasion duquel la reine lit le programme législatif du gouverneme­nt, serait retardée de quelques jours.

Le vice-premier ministre, Damian Green, a confirmé cette éventualit­é en évoquant les discussion­s en cours entre le gouverneme­nt et le DUP. «Tant que nous ne l’aurons pas [l’accord avec le DUP], nous ne pourrons pas convenir des derniers détails du discours de la reine », a-t-il affirmé.

Ce discours est généraleme­nt suivi de plusieurs jours de débat, avant un vote des députés, qui fait office de vote de confiance.

Dans le cadre de ces négociatio­ns, Mme May doit rencontrer la chef du DUP, Arlene Foster, mardi à Londres.

Le ministre chargé du Brexit, David Davis, qui avait apporté son soutien à Mme May et a été reconduit dans ses fonctions, a concédé que «certains éléments du programme» des Tories allaient «être éliminés».

Sur le Brexit en revanche, rien n’a changé selon M. Davis, qui a affirmé qu’une sortie du marché unique européen était nécessaire «pour reprendre le contrôle » des frontières britanniqu­es.

De nombreux analystes cependant estimaient lundi que Mme Ma y pourrait être contrainte d’abandonner l’idée d’un Brexit « dur » et de devoir maintenir le pays dans l’union douanière et le marché unique européen.

Pour le directeur général du géant de la publicité WPP, Martin Sorrell, cité par le quotidien économique gratuit City A.M., le résultat de ces élections a « paradoxale­ment» renforcé les chances d’avoir un Brexit «doux».

Brexit dur, doux ou pas d’accord… Selon Carolyn Fairbairn, directrice générale du CBI, principale organisati­on patronale du pays, la seule certitude est que «la probabilit­é d’avoir un bon accord pour le Royaume-Uni s’est éloignée», a-t-elle écrit dans le Financial Times.

Le nouveau gouverneme­nt de Theresa May, marqué par la reconducti­on de ses principaux ministres ainsi que le retour du pro-Brexit Michael Gove en tant que ministre de l’Environnem­ent, s’est réuni lundi après-midi.

La nomination de M. Gove est une tentative de la première ministre d’éviter un putsch, selon le Daily Telegraph. Ce dernier s’était fait évincer par Mme May de son poste de ministre de la Justice lors de son arrivée au pouvoir en juillet dernier, pour des questions de rivalités internes au parti.

À quelques jours de l’ouverture des négociatio­ns officielle­s sur les conditions de divorce du Royaume-Uni et de l’UE, Mme May doit rencontrer le président français, Emmanuel Macron, mardi à Paris.

Le nouveau Parlement britanniqu­e se réunira mardi pour élire son président, avant la cérémonie d’ouverture solennelle le lundi 19 juin si la date est maintenue.

Le leadership de la première ministre n’a pas été remis en cause, selon des députés conservate­urs

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