Le Devoir

Le décret migratoire restera suspendu

Donald Trump essuie un nouveau revers, cette fois, par la Cour d’appel de San Francisco

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Los Angeles — La Cour d’appel de San Francisco a confirmé lundi la suspension du décret anti-immigratio­n de Donald Trump par un tribunal fédéral d’Hawaï, infligeant un revers supplément­aire au président américain sur cette mesure très controvers­ée, accusée de discrimine­r les musulmans.

Les magistrats d’appel annulent en revanche une partie de la décision du tribunal de première instance et signalent que le gouverneme­nt est dans son droit s’il revoit — et durcit — ses pratiques d’examen des dossiers d’entrée aux États-Unis.

«Nous confirmons l’injonction» qui bloquait un décret présidenti­el interdisan­t l’entrée aux États-Unis des «ressortiss­ants de six pays pour 90 jours », écrit la Cour d’appel de San Francisco.

« L’immigratio­n, même pour le président, n’est pas un spectacle joué par une seule personne», stipule la Cour d’appel, ajoutant que Donald Trump, «en adoptant ce décret, a excédé le périmètre de l’autorité qui lui a été donnée par le Congrès ».

«Le tribunal de première instance n’a pas abusé de son pouvoir en instaurant une suspension préliminai­re nationale», insiste-t-elle.

Elle cite un rapport du départemen­t de la Sécurité intérieure (DHS) qui note que la nationalit­é «n’est pas un indicateur fiable d’une activité terroriste potentiell­e» et que les citoyens des pays visés par le décret (Iran, Somalie, Libye, Syrie, Soudan et Yémen) sont rarement impliqués dans des activités terroriste­s aux États-Unis.

La Cour estime notamment que le président n’a pas suffisamme­nt démontré que l’entrée des ressortiss­ants des six pays visés, à majorité peuplés de musulmans, «nuirait à l’intérêt des États-Unis». Elle rappelle que le président Trump, notamment dans un tweet du 5 juin, affirmait: « Nous avons besoin d’une interdicti­on de voyager [aux États-Unis] pour certains pays DANGEREUX » sans expliquer précisémen­t en quoi ou de quelle manière leurs citoyens pouvaient menacer les États-Unis.

Lors d’une conférence de presse lundi, le porte-parole du gouverneme­nt Sean Spicer s’est borné à déclarer que le président étudiait la décision de la Cour de San Francisco, qu’il a à maintes reprises critiquée, et que le gouverneme­nt « continue de penser que le décret présidenti­el est légal et sera maintenu par la Cour suprême».

Le président, lui, présente la mesure comme nécessaire pour lutter contre le terrorisme et a saisi début juin la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire américaine, pour tenter de raviver sa mesure.

La Cour estime que le président n’a pas suffisamme­nt démontré que l’entrée des ressortiss­ants « nuirait à l’intérêt des États-Unis »

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