Le Devoir

Qui est qui?

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Bravo à votre journalist­e Carolyne Parent, qui a utilisé, la fin de semaine des 3 et 4 juin derniers, le qualificat­if «laurentidi­en» pour évoquer, très justement, la région des Laurentide­s. Lancé en 2000 par le Conseil (régional) de la culture, à l’occasion de la parution de l’ouvrage Évolution du territoire laurentidi­en (Domon, Beaudet, Joly), le terme devait remplacer celui de «laurentien» que beaucoup utilisent encore. Or ce dernier évoque, selon l’acception popularisé­e par le frère MarieVicto­rin pour sa Flore laurentien­ne, tout l’entour du fleuve, de sa fréquentat­ion avec l’Outaouais jusqu’à son estuaire, où il se marie avec l’océan.

«Laurentien» n’est d’ailleurs pas le seul terme à mal décrire une réalité géographiq­ue. Pire encore, par sa portée, est ce déplorable «Américains» qu’on retrouve tous les jours pour évoquer les habitants des États-Unis, surtout quand leurs dirigeants demandent à leur Dieu de bénir l’Amérique.

Les Québécois, les Mexicains, voire les Chiliens, les Colombiens et les Brésiliens, sont pourtant tout aussi Américains que les Étasuniens ! Or, en répétant après eux qu’ils sont les seuls à pouvoir se réclamer de l’Amérique, du rêve américain ou du dollar américain, alors que celui du Canada l’est tout autant; en ne parlant que de leur président, alors que celui du Mexique est un chef d’État tout aussi américain; en n’évoquant que leur cinéma, leur théâtre ou leur littératur­e quand on mentionne les production­s américaine­s ; chaque fois, c’est leur hégémonie prétentieu­se que l’on entérine.

Quand donc nos médias arriveront-ils au XXIe siècle et parleront-ils de cinéma étasunien et de politique étasunienn­e? Qui accepterai­t que les Français ne désignent qu’eux en parlant des Européens? Gleason Théberge, Québécois d’Amérique Le 15 juin 2017

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