Le soutien à domicile pour les handicapés a diminué
Les personnes handicapées de moins de 65 ans reçoivent moins d’heures d’aide à domicile que les personnes âgées, selon un rapport de l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ).
Chez les 65 ans et plus, le nombre d’heures dispensées par les Centres de santé et de services sociaux (CSSS) a augmenté de 52% entre 2009 et 2014, alors qu’il a baissé de 0,6% chez les personnes souffrant de déficience physique et de 0,8 % chez les personnes avec un déficit intellectuel ou un trouble du spectre de l’autisme.
«Quand on regarde le chiffre global en soutien à domi- cile, il y a une augmentation [des heures], mais cela concerne surtout les personnes âgées », dénonce Audrey- Anne Trudel de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN).
«Loin de moi l’idée de dire que ce n’est pas important, les services à domicile pour les aînés. Bien au contraire! Mais il faut être conscient qu’il y a d’autres personnes qui en ont besoin et qui voient une diminution de services en ce moment.»
Intitulé À part entière: pour un véritable exercice du droit à l’égalité, le rapport de plusieurs centaines de pages fait le bilan d’une politique gouvernementale adoptée en 2009. On se donnait alors dix ans pour accroître la participation sociale des handicapés de façon significative.
Au-delà des différences entre les groupes d’âge, le rapport souligne l’écart général entre les besoins et les services offerts et presse le gouvernement de continuer à augmenter le financement dans ce domaine.
Mercredi, la ministre Charlebois n’était pas disponible pour réagir au rapport, mais son attachée de presse Bianca Boutin a signalé
L’aide a augmenté dans la population en général âgée de 65 ans et plus
qu’elle l’avait reçu avec « beaucoup d’intérêt ».
Elle ajoute que, depuis la période couverte par l’étude (2013-2014), « beaucoup de choses ont été faites». Dans le dernier budget, par exemple, le gouvernement a accru de 69 millions les fonds en soutien à domicile. Concernant l’écart entre les personnes handicapées et les personnes de plus de 65 ans, elle signale que, dans les investissements en soins à domicile, « une partie va aux personnes handicapées».
Un rapport gênant
Mercredi, des organismes ont reproché au gouvernement d’avoir publié le rapport de l’OPHQ «en catimini» à cause des constats gênants qu’il contenait. «Après trois reports de la date de publication et avec une diffusion au début de l’été, il semble clair que le gouvernement libéral cherche à étouffer l’affaire et à se protéger », ont dénoncé l’Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées (AQRIPH), l’Association du Québec pour l’intégration sociale (AQIS) et la COPHAN.
Le rapport, plaident-ils, ne rend compte d’aucune avancée « significative » pour les handicapés, tous secteurs confondus.
Pour sa part, l’Office constate plutôt avec ce rapport que les investissements augmentent moins vite que les besoins. Ainsi, «malgré les hausses budgétaires consenties dans les différents programmes », «la croissance des besoins a été plus importante, d’où les avancées qui demeurent fragiles », note son directeur, Maxime Bélanger. Les dépenses en soutien à domicile sont passées d’environ 700 à 900 millions entre 2009 et 2014. Même chose pour les crédits d’impôt pour le maintien à domicile, qui sont passés de 262 à 366 millions.
L’Abitibi défavorisée
Le rapport révèle aussi des écarts importants entre les régions. Par exemple, en Estrie, le nombre d’heures d’aide à domicile a crû de 74 % en cinq ans, alors qu’il baissait de 7,4 % en Abitibi au cours de la même période. Le document souligne d’ailleurs que l’Abitibi «est la seule région à avoir connu des baisses de services à chacune des années », alors que d’autres régions comme Québec et la Gaspésie « ont connu des hausses d’heures de services chaque année».
Outre la question de l’aide à domicile, ce bilan se penche aussi sur l’habitation, les communications (les services offerts aux non-voyants, par exemple), la circulation et le transport.
On recommande entre autres au gouvernement de faciliter l’accès aux commerces. Comme le révélait Le Devoir récemment dans un dossier, on subventionne désormais les commerçants qui souhaitent aménager des rampes pour les handicapés tout en tolérant la construction de nouveaux commerces inaccessibles.
Interrogée à ce propos, l’attachée de presse de Mme Charlebois nous a d’abord dirigés vers la Régie du bâtiment. Elle a ensuite fait savoir que le gouvernement avait donné le feu vert à la recommandation faite récemment par des députés pour que l’Office des personnes handicapées dresse un inventaire des bâtiments qui sont actuellement inaccessibles pour les personnes à mobilité réduite.