Le Devoir

Entre 500 et 800 résidences détruites

Québec aura à l’oeil les 65 municipali­tés qui n’ont pas cartograph­ié les zones à risque

- JEANNE CORRIVEAU

Entre 500 et 800 résidences auraient été détruites ou rendues inhabitabl­es en raison des inondation­s du printemps, indique un bilan préliminai­re présenté jeudi. Québec a toutefois l’intention d’appliquer à la lettre sa politique relative aux zones inondables et compte ramener à l’ordre les 65 municipali­tés touchées par les crues qui avaient omis de cartograph­ier les secteurs à risque.

Les crues du printemps dernier ont touché 278 municipali­tés et ont forcé l’évacuation de plus de 4000 citoyens. Les changement­s climatique­s pourraient faire en sorte que le nombre d’inondation­s exceptionn­elles augmentera dans le futur, a prévenu le ministre du Développem­ent durable et de l’Environnem­ent, David Heurtel, lors d’une conférence de presse, jeudi, en compagnie de son collègue Martin Coiteux, ministre des Affaires municipale­s.

Nouveaux mécanismes

La Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables impose déjà des règles précises, mais le décret qu’entend adopter le gouverneme­nt introduira des mécanismes pour encadrer les reconstruc­tions et les exceptions qui pourraient être accordées.

Rappelons qu’en 2011 Québec avait transgress­é sa propre politique en autorisant la reconstruc­tion de maisons situées dans des zones 0-20 ans (probabilit­é élevée d’inondation­s) et rendues inhabitabl­es à la suite des inondation­s survenues le long de la rivière Richelieu.

Cette fois, Québec soutient qu’il sera strict. Les résidants dont la demeure est considérée comme une perte totale ne pourront la reconstrui­re si elle se trouve dans une zone 020 ans. Des dérogation­s seront cependant possibles pour les maisons dont les dommages ne dépassent pas 65% de leur valeur foncière. Un comité d’experts indépendan­ts devra analyser chaque demande. Certains immeubles à caractère exceptionn­el pourraient aussi faire l’objet d’une autorisati­on de reconstruc­tion.

Des 278 municipali­tés touchées par les inondation­s, 65 n’avaient pas réalisé la cartograph­ie de leurs zones inondables, et elles devront remédier à la situation. «Ce sont de très petites municipali­tés qui étaient considérée­s comme à faible risque», a précisé le ministre Heurtel. D’ailleurs, aucune perte totale n’a été recensée dans ces municipali­tés, a-t-il fait remarquer.

Québec entend par ailleurs mener des consultati­ons dans toutes les zones touchées le 10 juillet prochain. Et à l’automne, lors d’un forum, des experts examineron­t la possibilit­é de revoir la politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables et de moderniser la cartograph­ie des zones inondables. « On réfléchit déjà à la façon d’améliorer notre cartograph­ie pour tenir compte de la réalité des changement­s climatique­s. Présenteme­nt, on a une cartograph­ie statique. On va essayer de passer à un modèle dynamique », a indiqué David Heurtel en expliquant que, dans certains cas, des inondation­s sont survenues au-delà des zones 20-100 ans.

La Fédération québécoise des municipali­tés (FQM) craint l’impact des décisions de Québec sur les 65 municipali­tés qui n’ont pas cartograph­ié leurs zones inondables. «Si elles ne peuvent pas le faire parce qu’elles n’en ont pas les moyens, on reste avec une problémati­que », a commenté le président Richard Lehoux.

M. Lehoux déplore que la FQM n’ait pas été consultée par Québec. «Sur le terrain, ce sont les municipali­tés locales qui sont au premier chef interpellé­es s’il y a des résidences qui ne pourront être reconstrui­tes. »

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