Le parc Belmont de la ferraille
Un autre gigantesque bric-à-brac signé Michael Bay, rempli de machines qui se détraquent
TRANSFORMERS – LE DERNIER CHEVALIER (V.F. TRANSFORMERS – DE THE LAST KNIGHT)
★ 1/2 Science-fiction de Michael Bay. Avec Mark Wahlberg, Laura Haddock, Anthony Hopkins, Josh Duhamel. États-Unis, 2017, 148 minutes.
Le mot « last » dans le titre de ce nouveau bolide cinématographique de marque Transformers suscite beaucoup d’espoir: celui qu’enfin s’achève cette interminable enfilade de films tapageurs inspirée d’une foule de produits dérivés (jouets, bédé, série télévisée) des années 1980, période où la subtilité et le bon goût furent souvent sacrifiés. Ce n’est pas une raison pour s’acharner.
Michael Bay n’a visiblement pas reçu le message, toujours prêt à redémarrer la machine, celle d’un univers de ferraille assourdissante, parc d’amusement avec des robots assez vieux pour avoir côtoyé Lancelot et Merlin l’enchanteur — quand on ne sait plus quoi inventer… Car Transformers – The Last Knight plonge dans le passé (celui de l’Angleterre médiévale) pour mieux nous parachuter dans un futur familier, là où des mongols à piles surdimensionnés sont confinés dans quelques enclaves protégées, parfois sous la haute surveillance de l’armée.
En d’autres lieux, au grand soleil et chargés de poussière, ils s’épanouissent dans une certaine liberté, sous le regard bienveillant de Cade (Mark Wahlberg), un inventeur toujours en deuil de sa conjointe et souffrant d’une relation à distance avec sa fille. De son côté, Vivian (Laura Haddock, une variation de Megan Fox avec l’accent british), brillante universitaire obsédée par les mythes entourant les chevaliers de la Table ronde, ignore, du moins pour le moment, une certaine filiation qui pourrait changer le cours de sa vie, et de l’histoire. Avant que ces deux-là ne soient réunis grâce aux bons soins d’un Anthony Hopkins que l’on a déjà vu plus inspiré, une autre bagarre s’engage entre les Transformers au grand coeur et les autres, forcément belliqueux, voulant détruire la Terre pour sauver leur planète. Entre leur cruauté et leur manque flagrant d’imagination, devinez ce qui est le plus effroyable?
Si vous suivez toujours, vous aurez compris que le véritable carnage qui s’opère sous nos yeux n’est pas celui de la tôle froissée et des explosions à répétitions, sans compter l’affrontement final sur le site de Stonehenge, que le cinéaste a recréé, et non pas bêtement foulé de sa tonitruante présence. Avec une fébrilité dénuée de toute forme d’ingéniosité visuelle, voire de mise en scène, les affrontements et les poursuites de bagnoles s’enfilent dans cette débauche de bruit et de futilités que Michael Bay ne cesse de répéter depuis dix ans, et cinq Transformers derrière la cravate.
Même si personne ne nous y oblige, s’il fallait trouver à ce bric-à-brac une quelconque qualité, soulignons l’alignement impressionnant de voix qui donne à ces machines un semblant d’humour, à défaut d’humanité. John Goodman, Steve Buscemi, Omar Sy et surtout Jim Carter (le majordome dans la série Downton Abbey), qui reprend ses suaves intonations ironiques, font la preuve qu’avec beaucoup de fric, on peut se procurer une somme impressionnante de talents. On peut aussi s’offrir un gigantesque écran de fumée pour masquer ses limites et ses redites.
V.O.A. : Cinéma Banque Scotia, Quartier latin, Place LaSalle, Carrefour Angrignon, Cavendish, Colisée Kirkland, StarCité, Côte-des-Neiges, Lacordaire, Des Sources, Spheretech, Marché Central V.F. : Quartier latin, Place LaSalle, Carrefour Angrignon, StarCité, Lacordaire, Marché Central