Le Devoir

Trump se ravise

Il reconnaît ne pas posséder d’enregistre­ments de ses échanges avec Comey

- JÉRÔME CARTILLIER à Washington

D’un tweet, Donald Trump a tenté jeudi de mettre fin à une polémique qu’il avait luimême créée d’un autre tweet : non, a-t-il assuré, il ne possède pas d’enregistre­ments de ses échanges avec l’ex-chef du FBI James Comey, qu’il a limogé.

Après des semaines de conjecture­s savamment entretenue­s par la Maison-Blanche, qui se refusait à tout commentair­e sur ce thème, le président des États-Unis a clos cet étrange feuilleton, sur fond d’enquête russe qui empoisonne le début de sa présidence.

«Je ne sais pas s’il existe des bandes ou des enregistre­ments de mes conversati­ons avec James Comey, mais je n’ai pas fait, et je ne possède pas, de tels enregistre­ments », a-t-il écrit.

Le 12 mai, pourtant, quelques jours après avoir brutalemen­t limogé M. Comey, c’est lui qui avait évoqué pour la première fois cette possibilit­é, à la stupeur générale.

«James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’enregistre­ments de nos conversati­ons avant qu’il ne commence à faire des révélation­s à la presse!» avait-il lancé dans un tweet qui sonnait comme une menace à peine voilée.

Le président regrette-t-il son message initial? « Je ne pense pas », a répondu sa porte-parole Sarah Huckabee Sanders.

Pourquoi avoir attendu 41 jours pour mettre fin aux conjecture­s? «La déclaratio­n du président via Twitter est très claire, je n’ai rien à ajouter », a-t-elle simplement affirmé.

La commission du renseignem­ent de la Chambre des représenta­nts avait demandé que ces enregistre­ments, s’ils existaient, lui soient remis avant le 23 juin.

Or pour Adam Schiff, chef de file des démocrates de cette prestigieu­se commission, les tweets présidenti­els de jeudi soulèvent davantage de questions qu’ils n’apportent de réponses: «Si le président n’avait pas d’enregistre­ments, pourquoi a-t-il suggéré le contraire? A-t-il cherché à induire en erreur le public? Essayait-il d’intimider ou de réduire au silence James Comey?»

Dans son message lapidaire, le président américain évoque des opérations de « surveillan­ce électroniq­ue», sans autre précision, laissant entendre qu’il ne peut être absolument certain que ses conversati­ons n’ont pas été enregistré­es par d’autres.

Jusqu’à son limogeage-surprise le 9 mai sur ordre du président, M. Comey supervisai­t une enquête du FBI sur les contacts entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et le gouverneme­nt russe, soupçonné par le renseignem­ent américain d’avoir cherché à influencer l’élection de 2016 en faveur du républicai­n.

Lors d’une audition extraordin­aire au Sénat, l’ex-chef du FBI a affirmé sous serment que le président avait exigé de lui sa «loyauté».

Il a accusé le gouverneme­nt Trump de diffamatio­n et de «mensonges». Et a raconté en détail sa gêne lors de conversati­ons privées avec le locataire de la Maison-Blanche.

Dans un témoignage écrit transmis aux élus, il décrivait sa gêne face aux requêtes « dérangeant­es » du président, qui lui aurait dit «espérer» qu’il «abandonne» l’enquête sur un proche, l’exconseill­er à la sécurité nationale Michael Flynn, soupçonné de mensonges relatifs à ses discussion­s avec l’ambassadeu­r russe à Washington.

Si ce dernier volet était confirmé, il pourrait être constituti­f d’une entrave à la justice.

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