Le Devoir

Moins d’investisse­ments pour protéger le fleuve Saint-Laurent

Le financemen­t du Plan d’action Saint-Laurent passe de 70 à 57,5 millions sur cinq ans

- MARIE-LISE ROUSSEAU

Les gouverneme­nts du Québec et du Canada investiron­t conjointem­ent 57,5 millions de dollars pour la deuxième phase du Plan d’action Saint-Laurent, qui vise à mieux protéger le fleuve, ont annoncé ces derniers, lundi. Parmi les mesures de ce plan qui s’étirera jusqu’en 2021, on note des actions pour la prévention des inondation­s et la protection des milieux humides, mais rien au sujet des aires protégées.

L’annonce de cette deuxième phase du plan d’action a eu lieu lundi matin aux abords du canal de Lachine, dans l’arrondisse­ment du même nom. Elle s’inscrit dans l’Entente Canada-Québec sur le Saint-Laurent 2011-2026, qui vise à renouveler les efforts de protection du fleuve entamés par les deux gouverneme­nts en 1988.

Les investisse­ments annoncés lundi sont inférieurs à ceux de la première phase du plan présentée en 2011. Quelque 70 millions avaient alors été consacrés par Québec et Ottawa pour la période 2011-2016. En débloquant 35,2 millions, le gouverneme­nt fédéral investit cette fois près de 14 millions en moins que pour la première phase.

La ministre de l’Environnem­ent et du Changement climatique du Canada, Catherine McKenna, a affirmé que d’autres investisse­ments ayant des impacts sur la qualité du SaintLaure­nt seront faits par son gouverneme­nt en parallèle de ce plan d’action.

Pour sa part, l’investisse­ment du Québec augmente d’environ deux millions pour s’établir à 22,3 millions.

Selon le biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP), Alain Branchaud, il y a peu d’argent neuf dans cette annonce. «C’est une compilatio­n de différente­s dépenses courantes qui sont cumulées et mises en commun », dit-il. Néanmoins, il affirme qu’on «ne peut qu’être satisfait et content de voir qu’on continue de collaborer et de réaliser ces projets».

Prévenir les inondation­s

Parmi les 38 projets de ce plan d’action, une mesure vise à calculer le débit d’eau du fleuve, ce qui doit permettre de mieux prévenir les inondation­s comme celles qu’a connues le Québec au printemps. «On sait qu’avec les changement­s climatique­s, ça va être un enjeu de plus en plus important et il faut qu’on soit prêt», a déclaré le ministre du Développem­ent durable, de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s du Québec, David Heurtel.

Le ministre a mentionné d’autres exemples de mesures qu’on retrouve dans le plan, notamment la réalisatio­n d’une cartograph­ie numérique du fleuve, qui «va avoir un impact direct sur la problémati­que des prises d’eau potable» en suivant en temps réel le niveau de l’eau du fleuve.

Une autre mesure consiste à cartograph­ier les milieux humides. «On connaît toute la contributi­on des milieux humides à la qualité de l’eau et à la santé du Saint-Laurent. Poursuivre leur cartograph­ie va permettre de mieux les protéger », a-t-il ajouté.

Ces mesures sont louables, mais insuffisan­tes aux yeux de Sylvie Bibeau, porte-parole de l’organisme Stratégies Saint-Laurent à Montréal et directrice générale du comité Zones d’interventi­on prioritair­e (ZIP) Jacques-Cartier. «Il faut effectivem­ent d’abord connaître les zones et les identifier, mais il faut aller plus loin que ça. Il va falloir être actif. Et c’est ce qui coûte énormément d’argent », souligne-t-elle. Stratégies Saint-Laurent se dit néanmoins heureux de cette annonce.

«Si on était vraiment sérieux dans l’idée de protéger le Saint-Laurent, on réinvestir­ait au Centre Saint-Laurent à Montréal », déplore le directeur de la SNAP. Selon lui, ce centre de recherche sur le fleuve d’Environnem­ent Canada a vu ses ressources être amputées ces dernières années au point d’être rendu «à l’agonie et sous respirateu­r artificiel».

Rien sur les zones protégées

Le plan d’action ne comporte par ailleurs aucune mesure concernant la protection des aires marines du fleuve Saint-Laurent. Pourtant, Québec et Ottawa ont tous deux pris l’engagement de protéger 10% de ces zones d’ici 2020. Actuelleme­nt, à peine 1% de ce territoire maritime est protégé.

«C’est dans le plan du gouverneme­nt», a fait savoir la ministre McKenna, qui a dit être certaine de l’atteinte de cet objectif. Le ministre Heurtel a affirmé qu’il sera en mesure « très prochainem­ent d’annoncer des développem­ents majeurs dans ces dossiers, qui vont contribuer de façon très importante à l’atteinte de l’objectif».

 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? Les ministres de l’Environnem­ent au provincial et au fédéral, David Heurtel et Catherine McKenna, ont annoncé lundi, devant le canal de Lachine, un investisse­ment de 57,5 millions de dollars pour la deuxième phase du Plan d’action Saint-Laurent.
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Les ministres de l’Environnem­ent au provincial et au fédéral, David Heurtel et Catherine McKenna, ont annoncé lundi, devant le canal de Lachine, un investisse­ment de 57,5 millions de dollars pour la deuxième phase du Plan d’action Saint-Laurent.

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