Les sports électroniques au Québec
S’ils font courir les foules dans plusieurs régions du monde, les sports électroniques ne connaissent pas encore le même rayonnement auprès du grand public québécois. Reste que la discipline connaît une certaine progression, selon Patrick Pigeon, de la FQSE ; les événements se multiplient, et la présentation du Northern Arena au Centre Bell, notamment, a marqué un jalon l’an dernier. Il est toutefois difficile de quantifier le phénomène dans la province, puisque les organisations consacrées aux e-sports demeurent rares et que les prix et bourses remis lors de tournois sont encore minimes par rapport au reste du monde. M. Pigeon affirme toutefois qu’il y a des tendances régionales pour les compétitions de
C’est qu’il faut non seulement beaucoup jouer (Cydonia dit passer 5 ou 6 heures par jour à le faire, alors que d’autres vont monter jusqu’à 10), il faut aussi faire ses recherches. «Je trouve ça plus productif d’essayer de comprendre le jeu que de juste jouer, jouer, jouer»,
dit Julien. Il va donc étudier les cartes disponibles, décortiquer les jeux (decks) populaires, trouver les meilleures façons d’adapter son jeu et prévoir les coups de ses adversaires. La pioche demeure aléatoire, ce qui rend les parties imprévisibles, même si on connaît le jeu de notre adversaire par coeur.
La vie en équipe
Les performances inattendues de Cydonia, dont l’ascension en a surpris plus d’un, lui ont valu une multitude d’offres d’équipes professionnelles, qui sont légion dans les sports électroniques. Il a grossi les rangs de Team SoloMid (basée en Californie, encore) le printemps dernier.
«Pour le joueur, l’intérêt, c’est d’avoir plus d’occasions, explique le jeune homme. Par exemple, l’équipe va payer les frais de participation à des tournois ouverts. Ça peut être cool sports électroniques, au Québec. Au-delà des universels League of Legends, DOTA 2 ou Counter-Strike, populaires ici comme ailleurs, il souligne un intérêt particulier pour les jeux de la série Super Smash Brothers ainsi que Rocket League. Parmi sa mission plus vaste de faire la promotion du e-sport au Québec, la FQSE s’est donné le mandat d’éduquer les organisateurs de tournois à travers le monde. En effet, certains continuent d’exclure les joueurs québécois puisqu’ils croient toujours, à tort, qu’une proportion des gains remportés par ceux-ci doit être versée à la Régie des alcools et des jeux. La situation a toutefois été clarifiée à l’automne 2016, puisque la Régie a transmis un avis à cet effet, rappelle Patrick Pigeon.
pour quelqu’un qui souhaite voyager et participer à des événements. L’adhésion à une équipe donne aussi plus de visibilité.» Pour certains jeux d’équipe, les organisations vont même rapatrier leurs protégés dans des «maisons des joueurs» afin de superviser leurs séances d’entraînement et de mieux contrôler leur hygiène de vie. Julien, lui, vit toujours à Montréal.
L’allégeance à une équipe vient avec des obligations. Cydonia doit passer un certain nombre d’heures à diffuser sur le Web des parties chaque semaine, tout en répondant aux questions et aux commentaires des internautes qui l’observent en direct. Il doit aussi maintenir une présence assidue sur les réseaux sociaux, le nerf de la guerre des équipes professionnelles. Un nombre élevé d’abonnés, que ce soit sur Twitter, Twitch, Instagram ou Facebook, est un gage de pérennité.
L’aspect le plus sécurisant de l’entente avec une équipe demeure le versement d’un salaire, que Julien Perrault ne peut révéler pour cause de clause de confidentialité. Selon Patrick Pigeon, président de la Fédération québécoise des sports électroniques (FQSE), les ententes sont très variables, au cas par cas. « Certains athlètes vont conserver 100% des gains en tournois, d’autres vont céder près de 100% de ces gains, mais recevoir un salaire», explique-t-il.
Continuer, mais pour combien de temps?
Le monde des sports électroniques laisse transparaître une certaine éphémérité; les champions, à peine adultes, changent d’année en année, de même que les jeux prisés sur la scène compétitive, puisque certains sont délaissés par leurs développeurs et d’autres par la communauté. Julien Perrault entrevoit-il une fin à sa trajectoire dans cet univers?
«Si on fait la comparaison avec d’autres jeux comme le poker ou Magic, qui ont des scènes compétitives depuis 10, 20 ou 50 ans, on peut se dire que c’est sûr qu’il est possible que [Hearthstone] continue à être actif, estime-t-il. Le jeu est fait par une grosse compagnie, une des plus grosses du jeu vidéo, qui souhaite que ça continue. Elle met les moyens pour ça. Ça pourrait encore être là dans 10 ans… ou pas. »
«Je n’ai pas vraiment de plan précis en ce moment. Pour l’instant j’ai du fun. Je me développe à des niveaux que je n’avais pas satisfaits avant.»