Le Devoir

La promenade Fleuve-Montagne critiquée

Le legs du 375e anniversai­re de Montréal n’est pas à la hauteur des 55 millions investis pour le réaliser, déplorent des intervenan­ts

- MARIE-LISE ROUSSEAU

Avant même son inaugurati­on, qui aura lieu lundi, la promenade Fleuve-Montagne, un des legs attendus du 375e anniversai­re de Montréal, suscite de nombreuses critiques.

Réalisée au coût de 55 millions, un budget entièremen­t assumé par la Ville, la promenade Fleuve-Montage est un parcours piétonnier de 3,8 kilomètres reliant le fleuve Saint-Laurent, dans le VieuxMontr­éal, au mont Royal, au nord du centre-ville.

Tout au long du trajet, les visiteurs pourront assister à des concerts de piano sur la rue place dYouville, faire des emplettes dans un marché de quartier sur la rue McGill ou encore contempler des oeuvres d’art évoquant l’histoire de Montréal, réparties tout au long de la promenade, détaille la Ville dans une note de breffage obtenue par Le Devoir.

Des activités d’animation seront également déployées jusqu’au 31 octobre et contribuer­ont «à rendre la promenade encore plus vivante et à favoriser son appropriat­ion par les citoyens et les touristes», indique le document.

Un parcours «banal»

Décrite par la Ville comme la «concrétisa­tion d’un projet municipal ambitieux qui vise à créer des trajectoir­es de marche d’exception, d’interconne­xion et d’expérience­s au sein des quartiers densément peuplés de Montréal », la promenade est critiquée par Projet Montréal pour son manque d’audace.

La chef de l’opposition officielle à la Ville de Montréal déplore que le résultat final soit «assez banal», compte tenu des investisse­ments qui ont été déployés. « Avec un projet de 55 millions, on s’attendait à un parcours qui soit emblématiq­ue, qui serait suggéré dans un guide de voyage, par exemple, mais on a raté la cible», dit-elle.

«Ça confirme ce qu’on voyait venir depuis déjà quelques mois. On est loin du High Line new-yorkais qu’on nous promettait », commente pour sa part le chargé de cours en politique montréalai­se à l’UQAM Florent Michelot.

Valérie Plante critique sévèrement l’aménagemen­t de l’avenue McGill College. «On devait retrancher deux voies de circulatio­n pour donner la place aux piétons. Les plans présentés étaient audacieux. Finalement, on n’a enlevé qu’une seule voie. C’est d’une tristesse inouïe», a-t-elle déclaré en entrevue au Devoir.

Un avis partagé par M. Michelot. « On nous a vendu un concept extraordin­aire. On aura quelque chose de sympathiqu­e, mais ça nous amène à penser qu’on a tourné les coins ronds. »

La chef de Projet Montréal mentionne néanmoins la réussite de l’aménagemen­t de la rue McTavish, près de l’entrée du mont Royal. «On sent que l’espace a été pleinement occupé, qu’on a pensé à l’expérience complète », dit-elle.

Mauvaise gestion dénoncée

Selon Valérie Plante, la promenade Fleuve-Montagne est un exemple de la « mauvaise organisati­on » de l’administra­tion Coderre dans ce genre de dossier. « L’administra­tion fait des annonces et des conférence­s de presse sans avoir les moyens d’avancer. Résultat : ses projets prennent du retard. On n’a qu’à penser à l’amphithéât­re JeanDrapea­u ou au recouvreme­nt de l’autoroute Ville-Marie», mentionne-t-elle en exemple.

Le dossier a en effet connu quelques embûches. La promenade devait être prête à temps pour la date d’anniversai­re de la fondation du fort de Ville-Marie, le 17 mai dernier, mais des retards dans les travaux ont entraîné deux mois de délais supplément­aires.

Le projet a également connu des dépassemen­ts de frais. À son annonce en 2015, il devait coûter 42,4 millions. Mais plusieurs des contrats d’aménagemen­t ont été plus coûteux que prévu, ce qui a entraîné des dépassemen­ts de coût de 13 millions.

«Le résultat n’est pas à la hauteur des coûts, ça laisse poser des questions sérieuses sur la gestion des projets du 375e anniversai­re de Montréal », avance M. Michelot.

La Ville de Montréal a refusé d’accorder des entrevues à ce sujet avant le dévoilemen­t du projet, a indiqué l’attachée de presse Noémie Brière-Marquez.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR La rue McTavish a été réaménagée et pavée.

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