Le Devoir

Couillard se dit appuyé par les provinces

- CAROLINE PLANTE à Québec

Le premier ministre Philippe Couillard a personnell­ement contacté «bon nombre» de ses homologues au cours des dernières semaines afin de leur expliquer sa Politique d’affirmatio­n, «Québécois, notre façon d’être Canadiens».

Il entend poursuivre la discussion lors de la rencontre du Conseil de la fédération, qui s’ouvre mardi à Edmonton, a-til indiqué dans une entrevue exclusive accordée à La Presse canadienne.

Selon toute vraisembla­nce, M. Couillard a dû calmer le jeu après le dévoilemen­t, en juin, de sa politique d’affirmatio­n du Québec, qui vise à créer les conditions favorables à la reprise d’éventuelle­s négociatio­ns constituti­onnelles.

À terme, si le Québec obtient la reconnaiss­ance souhaitée, il pourrait adhérer à la Loi constituti­onnelle de 1982 et ainsi faire partie officielle­ment de la grande famille canadienne.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a d’abord catégoriqu­ement rejeté l’idée de rouvrir la Constituti­on, avant d’adou- cir quelque peu le ton lors d’événements publics subséquent­s.

Et le premier minis- tre de la Saskatchew­an, Brad Wall, a fait savoir que, d’après lui, le Québec bénéficiai­t déjà largement du système de péréquatio­n, qui équilibre la richesse entre les provinces et territoire­s. La Saskatchew­an donne 500 millions par année, tandis que le Québec reçoit plus de 11 milliards, a-t-il dit.

Rapprochem­ent voulu

Malgré ces rebuffades, M. Couillard s’est déclaré « content » des réactions généraleme­nt positives, selon lui, lors d’un entretien d’une quarantain­e de minutes dans son bureau au parlement. «Je pense que beaucoup de gens ont compris que le thème principal du document, c’est le rapprochem­ent, la participat­ion du Québec, avec son identité et sa fierté nationales.»

Il s’est félicité des déclaratio­ns publiques des premières ministres de l’Alberta et de l’Ontario, qui appellent tout de même à la prudence.

«Le désir du Québec de parler de ses valeurs, de sa culture et de sa perspectiv­e à l’intérieur de notre Confédérat­ion est bienvenu, a affirmé Rachel Notley, première ministre de l’Alberta. Les Albertains et les Canadiens savent que toute autre étape menant à une discussion sur la Constituti­on ne pourra être franchie qu’avec beaucoup de prudence, et ce, seulement si les pourparler­s avaient une chance de réussir. Ce n’est pas du tout certain aujourd’hui.»

Saluant les liens «très, très forts » qui existent entre Québec et Queen’s Park, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a dit comprendre qu’il n’était pas question pour l’instant de rouvrir la Constituti­on, mais plutôt de continuer de bâtir « des relations solides» afin d’améliorer la fédération canadienne. «C’est ça qui m’intéresse», a-telle conclu.

Le Québec plus visible

Qu’à cela ne tienne, le Québec entend bien prendre toute la place qui lui revient autour de la table à Edmonton, a maintenu M. Couillard, qui s’apprête à tester une nouvelle façon de faire.

Par exemple, son gouverneme­nt organisera des « missions » à travers le pays pour encourager la « compréhens­ion mutuelle ».

Lors d’une récente conversati­on téléphoniq­ue avec le premier ministre désigné de la Colombie-Britanniqu­e, John Horgan, M. Couillard raconte lui avoir dit : « Écoute, il faut qu’on soit proche. Nous, on voudrait aller vous voir et vice versa, et quand je dis “nous”, ce n’est pas juste le gouverneme­nt, c’est notre milieu universita­ire, notre milieu des affaires, notre société civile. Ce genre de choses là, c’est vraiment très, très important.»

Mme Wynne est d’ailleurs la toute première chef de gouverneme­nt d’une autre province à être invitée à s’adresser aux députés de l’Assemblée nationale en septembre. Son allocution prévue au Salon bleu — une première historique pour le Québec, a soutenu M. Couillard — sera suivie d’un conseil des ministres commun.

«C’est une démarche qui va s’étaler sur des années, alors je ne m’attends pas à ce que, cette année, il y ait des changement­s considérab­les. Par contre, voir ces rapprochem­ents se faire, voir ces nouvelles initiative­s se construire, ça mène à des conditions de succès éventuelle­s», a étalé M. Couillard.

Au-delà de sa propositio­n constituti­onnelle, le premier ministre Couillard profitera du Conseil de la fédération pour aborder la question de la légalisati­on du cannabis, et celle des échanges commerciau­x avec les États-Unis.

Malgré des rebuffades, M. Couillard s’est déclaré « content » des réactions généraleme­nt positives

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Philippe Couillard

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