Le Devoir

Les proches de la veuve de Liu Xiaobo inquiets de son silence

- JOANNA CHIU à Pékin

De nombreux amis du dissident chinois et prix Nobel de la paix Liu Xiaobo, décédé jeudi des suites d’un cancer, s’inquiétaie­nt dimanche pour sa veuve qu’ils n’arrivent plus à joindre.

Ces proches de la poétesse Liu Xia disent ne plus avoir de nouvelles d’elle depuis le décès de Liu Xiaobo, premier prix Nobel de la paix à mourir privé de liberté depuis le pacifiste allemand Carl von Ossietzky décédé en 1938.

Dans son immeuble à Pékin, dimanche soir, un garde de sécurité en uniforme était assis en face de l’ascenseur et un homme en civil, qui a refusé de décliner son identité, a fait sortir des journalist­es de l’AFP qui avaient sonné à l’appartemen­t de Liu Xia.

Les États-Unis et l’Union européenne ont exhorté le gouverneme­nt chinois à laisser Liu Xia partir à l’étranger.

Les autorités ont diffusé samedi des images la montrant lors des funéraille­s de son époux et lors de la dispersion de ses cendres en mer.

«Nous sommes très inquiets. Nous avons vu sur les photos des autorités lors des funéraille­s qu’elle est faible et affectée. Elle semble la personne la plus triste au monde », a déclaré à l’AFP Hu Jia, un militant basé à Pékin et proche de Liu Xia. «Si je pouvais la voir, j’essaierais de la réconforte­r.»

Atteint d’un cancer en phase terminale, le prix Nobel avait demandé à pouvoir quitter la Chine pour aller se soigner à l’étranger. Certains de ses amis pensent qu’il espérait en fait pouvoir mettre son épouse en lieu sûr. Mais le gouverneme­nt ne l’avait pas autorisé à partir. Liu Xiaobo, ancienne figure de proue du mouvement démocratiq­ue de la place Tiananmen en 1989, avait été récompensé par le comité Nobel pour « son long combat non violent pour les droits humains fondamenta­ux en Chine ».

Bien qu’elle ne soit pas engagée en politique, son épouse faisait l’objet d’une surveillan­ce politique depuis cette attributio­n du prix Nobel en 2010.

L’appartemen­t de Liu Xia à Pékin était un des seuls d’une rangée d’immeubles à être surveillé dimanche par un garde de sécurité.

L’AFP n’a pas pu confirmé si elle était bien rentrée du nordest de la Chine. Les lumières sur le sol étaient éteintes.

Ces sept dernières années, Liu Xia n’a été autorisée à quitter son appartemen­t de Pékin que pour rendre visite à ses parents ou à son mari dans sa prison de la province de Liaoning (nord-est), où il purgeait une peine de 11 ans de détention.

Un ami du couple, Ye Du, a dit avoir eu pour la dernière fois la famille vendredi matin, mais qu’elle semblait nerveuse et refusait de parler des arrangemen­ts pris pour les funéraille­s. «Liu Xia est de toute évidence contrôlée », a dit Ye Du à l’AFP, en précisant que les « activités du deuil» étaient aussi l’objet d’un «contrôle étroit».

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