Le Devoir

Les États-Unis dévoilent leurs objectifs

Le gouverneme­nt Trump veut notamment s’attaquer à la gestion de l’offre

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Le gouverneme­nt du président américain, Donald Trump, a officielle­ment publié lundi après-midi la liste de ses objectifs en vue de la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui doit débuter à partir de la mi-août. Les Américains veulent notamment s’attaquer au système canadien de gestion de l’offre et encadrer le commerce électroniq­ue.

Le représenta­nt au Commerce, Robert Lighthizer, a dévoilé les intentions du gouverneme­nt américain en indiquant que la renégociat­ion de l’ALENA visera à «réduire le déficit commercial des États-Unis » et à améliorer l’accès aux marchés canadien et mexicain pour les entreprise­s américaine­s oeuvrant dans les secteurs manufactur­ier, de l’agricultur­e et des services.

«Trop d’Américains ont été affectés par des fermetures d’usines, des emplois délocalisé­s et des promesses politiques rompues », a affirmé M. Lighthizer.

Le document d’une quinzaine de pages indique notamment que les représenta­nts américains chercheron­t à éliminer les barrières non tarifaires touchant les produits agricoles américains, incluant les quotas. Cet objectif cible de toute évidence le système canadien de gestion de l’offre, qui encadre la production de lait, d’oeufs et de volaille au pays et que le gouverneme­nt Trudeau s’est engagé à protéger.

Comme prévu, les règles d’origine, le mécanisme de règlement des différends et la question de la propriété intellectu­elle figurent parmi les priorités du gouverneme­nt américain.

En ce qui concerne le commerce électroniq­ue, les États-Unis veulent libéralise­r les échanges en multiplian­t par 40 le montant audelà duquel les Canadiens magasinant en ligne doivent payer une taxe à l’importatio­n.

Le Canada «prêt à collaborer»

La publicatio­n de cette liste de priorités met la table pour des négociatio­ns qui devraient

débuter à partir du 16 août. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, n’a pas tardé à réagir aux visées américaine­s, sans toutefois dévoiler son jeu.

«Le rapport publié aujourd’hui par les États-Unis fait partie de leur processus interne et est exigé aux termes des règles de la Trade Promotion Authority des ÉtatsUnis, a-t-elle déclaré par voie de communiqué. Lorsque les négociatio­ns débuteront, nous serons prêts à collaborer avec nos partenaire­s afin de moderniser l’ALENA, tout en défendant nos valeurs et les intérêts nationaux du Canada.»

À la fin du mois de mars, la Maison-Blanche a transmis au Congrès américain une liste préliminai­re de ses priorités en vue de la renégociat­ion de l’ALENA. Puis, le 18 mai dernier, les États-Unis ont officielle­ment lancé le processus de consultati­on de 90 jours qui doit précéder l’ouverture des négociatio­ns entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

En 2016, les États-Unis étaient en déficit commercial de 116 milliards de dollars canadiens par rapport au Canada, en incluant l’ensemble des échanges commerciau­x, selon les données de Statistiqu­e Canada. Mais si on exclut les biens énergétiqu­es, y compris le pétrole, le portrait est radicaleme­nt différent, les Américains enregistra­nt un surplus commercial de plus de 31 milliards de dollars.

Lundi, Robert Lighthizer a soutenu que le déficit commercial des États-Unis par rapport au Mexique était de 64 milliards de dollars américains en 2016.

Campagne «Made in America»

Quelques heures avant la publicatio­n des objectifs de négociatio­n, le président Trump a reçu à la MaisonBlan­che 50 entreprise­s provenant des 50 États américains pour mousser une campagne intitulée «Made in America». Il a ainsi voulu promouvoir des compagnies qui fabriquent leurs produits aux États-Unis, comme Ping Golf (Arizona), Caterpilla­r (Illinois), Campbell (New Jersey) ou encore Gibson Guitars (Tennessee).

La Maison-Blanche a présenté cette campagne, qui s’échelonner­a toute la semaine, comme une manière de défendre les intérêts des travailleu­rs américains qui voient des emplois bien rémunérés être délocalisé­s.

« Nous voulons créer plus de produits dans notre pays avec nos travailleu­rs et nos ressources. Quand nous fabriquons des produits ici, les revenus et, plus important encore, les emplois restent ici», a scandé le président américain en s’adressant aux dirigeants d’entreprise­s.

«Nous ne permettron­s plus aux pays étrangers de bafouer les lois et de voler nos emplois », a-t-il ajouté, après avoir fièrement enfilé le chapeau de cow-boy que lui a tendu le représenta­nt de l’entreprise Stetson Hats.

«Nous voulons créer plus de produits dans notre pays avec nos travailleu­rs et nos ressources»

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OLIVIER DOULIERY AGENCE FRANCE-PRESSE Le président Trump a reçu, à la Maison-Blanche lundi 50 entreprise­s provenant des 50 États américains pour mousser une campagne intitulée «Made in America», quelques heures avant la publicatio­n des objectifs de négociatio­n.
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