Le Devoir

Les négociatio­ns du Brexit entrent dans le vif du sujet

- MARINE LAOUCHEZ à Bruxelles

L’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni sont entrés lundi dans le vif du sujet en entamant le deuxième round de négociatio­ns à Bruxelles pour déterminer les conditions de leur divorce, alors que Londres se met difficilem­ent en ordre de bataille.

Après une énergique poignée de main échangée lundi matin avec son homologue britanniqu­e, David Davis, le négociateu­r en chef de l’UE Michel Barnier a annoncé la couleur: les deux camps, enfin, «plongent dans le coeur du sujet».

La session de négociatio­ns doit durer quatre jours, au cours desquels différents groupes de travail vont se pencher sur les priorités fixées: droits des citoyens et solde des comptes, mais aussi la question irlandaise, et quelques sujets annexes comme l’adhésion à Euratom ou l’autorité de la Cour de justice de l’UE. Selon M. Barnier, l’objectif est « d’examiner et comparer nos positions respective­s pour progresser».

«Il est temps de se mettre au travail et de faire en sorte que ces négociatio­ns soient couronnées de succès», a déclaré de son côté M. Davis, qui souhaite «identifier les différence­s pour s’en occuper et identifier les similarité­s pour les renforcer ».

Le travail est maintenant dans les mains des technicien­s. D’ailleurs, David Davis a rapidement regagné Londres. Il devrait être de retour jeudi à Bruxelles pour présenter un bilan des discussion­s lors d’une conférence de presse en compagnie de M. Barnier.

Les Européens, qui ont finalisé leurs préparatif­s des tractation­s en mai, se montrent de plus en plus impatients de connaître les positions britanniqu­es.

Londres a publié jeudi les documents précisant son «opinion » sur plusieurs sujets clés — mais toujours pas la question cruciale du règlement financier.

Il faut dire que le camp britanniqu­e manoeuvre dans un contexte politique difficile. Ces derniers jours, la presse britanniqu­e a longuement relayé la guerre à laquelle se livrerait une poignée de ministres pour la succession de Theresa May, ainsi que des critiques visant le ministre des Finances, Philip Hammond, qui défend une approche « soft » du Brexit.

La semaine passée, c’est l’euroscepti­que Boris Johnson qui s’était fait remarquer. Le ministre britanniqu­e des Affaires étrangères avait mouché les Européens depuis Londres, assurant qu’ils pouvaient « toujours courir » pour que son pays paie la facture du Brexit, estimée jusqu’à 100 milliards d’euros (150 milliards $CAN).

Un chiffre jugé «fantaisist­e» par Philip Hammond, mais qui a néanmoins affirmé que le Royaume-Uni n’était « pas un pays qui fuit ses dettes ».

Toute séparation « coûte cher », a d’ores et déjà averti Michel Barnier.

Compte à rebours

Il ne reste que 15 mois pour boucler les négociatio­ns d’ici à octobre 2018, afin de laisser du temps pour la ratificati­on de l’accord final par toutes les parties concernées d’ici fin mars 2019.

Les Britanniqu­es ont publié récemment plusieurs documents explicitan­t leur position de négociatio­n, après un premier avis sur le sort des citoyens expatriés, dont les droits futurs (résidence, travail, sécurité sociale) sont devenus incertains dans la perspectiv­e du divorce.

Dans ces «papiers», les Britanniqu­es insistent sur la nécessité de s’entendre sur une période transitoir­e et de commencer au plus vite à discuter du statut de la future relation entre les deux parties.

En attendant, le prince William et son épouse Kate poursuiven­t cette semaine en Pologne et en Allemagne ce que les médias britanniqu­es ont baptisé un « Brexit diplomacy tour » afin de redorer l’image du Royaume-Uni à l’étranger.

Les Européens se montrent de plus en plus impatients de connaître les positions britanniqu­es

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THIERRY CHARLIER AGENCE FRANCE-PRESSE Le négociateu­r britanniqu­e responsabl­e du Brexit, David Davis (à gauche), et le négociateu­r en chef de l’UE, Michel Barnier, se sont rencontrés lundi à Bruxelles. M. Davis a rapidement regagné Londres.

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