Le Devoir

Le FEQ heureux que l’audace ait porté ses fruits

- PHILIPPE PAPINEAU

Le Festival d’été de Québec (FEQ) avait mis la barre haute pour sa 50e édition, multiplian­t les têtes d’affiche, et pas nécessaire­ment dans des styles musicaux «naturels» pour la capitale. Lors du bilan de l’événement, lundi, l’organisati­on a toutefois estimé que les risques avaient été payants.

«Nous avons survécu à cette édition rocamboles­que » ,a lancé le directeur de la programmat­ion du FEQ, Louis Bellavance, lors de la rencontre de presse aussi diffusée en direct sur Facebook.

L’édition anniversai­re avait dévoilé une programmat­ion où se trouvaient des artistes comme The Who, Pink, Muse et Isabelle Boulay, mais aussi des artistes réputés mais moins grand public, comme Gorillaz et Kendrick Lamar.

«On se demande toujours si les gens vont nous suivre, a expliqué Louis Bellavance. Et les gens ont osé Kendrick, osé Gorillaz, les gens ont pris des risques […] Ça donne envie d’être audacieux, de programmer autant de la découverte que des valeurs sûres.»

En entrevue avec Le Devoir, le directeur général du FEQ, Daniel Gélinas, soulignait que des artistes comme Lamar et Gorillaz permettaie­nt aussi au festival de faire parler de lui à l’internatio­nal. «Et notre modèle d’affaires fait que c’est facile de prendre un risque quand tu as payé 90$ pour 11 jours de shows. L’événement a une réputation telle que les gens nous font confiance. »

Pendant le point de presse, M. Gélinas a proposé une métaphore sportive pour résumer sa pensée sur ce 50e FEQ, qu’il a comparé à un mini-400e anniversai­re de Québec. «On a fait les séries, on a travaillé fort dans les coins, et on a gagné la Coupe Stanley. La parade s’en vient!»

Le FEQ ne dévoile pas ses chiffres de ventes ou même l’achalandag­e des spectacles.

Intérêt médiatique

Le directeur général a senti pour la première fois cette année que son festival avait trouvé écho dans les bulletins nationaux des médias québécois. Souvent, par le passé, des images des FrancoFoli­es, par exemple, trouvaient leur chemin sur les télés de toute la province, alors que le FEQ « ne faisait qu’un entrefilet ».

«Il y avait une disproport­ion dans l’importance des nouvelles, estime M. Gélinas. Il y a eu une prise de conscience du fait qu’il y avait un festival de musique vraiment majeur à Québec, et que ça intéresse les gens du Québec. Ce qu’on fait ici, ce qu’on vit, ce n’est pas ordinaire, ça ne peut pas ne pas être couvert sur le plan national. »

VIP non grata ?

Cette année, deux artistes ayant joué sur les Plaines — Kendrick Lamar et Danny Brown — ont interpellé pendant leur spectacle les spectateur­s jugés trop passifs de la zone VIP, espace qui occupe une partie de l’avant-scène. Si les deux événements nourrissen­t la réflexion de la direction, le FEQ n’y voit pas un enjeu majeur.

«Est-ce qu’il y a des ajustement­s à apporter? Peut-être, dit Daniel Gélinas. C’est une discussion qu’on va avoir à l’automne.»

Le directeur général ajoute aussi que le festival a des procédures permettant d’ajuster la dimension de cette zone VIP en cas de situation critique, mais qu’il n’a pas été nécessaire de le faire cette année.

L’an 51

Le FEQ a déjà le regard pointé sur l’année prochaine, et l’organisati­on n’a pas l’intention de revenir à une approche plus modeste dans la programmat­ion.

« Les investisse­ments dans le contenu vont demeurer les mêmes, il n’y a pas de raison de changer, assure Daniel Gélinas au Devoir. Ça fait 25 ans que je fais des festivals et j’ai toujours dit que le revenu était dans la dépense.»

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