L’avortement en voie d’être en partie dépénalisé
Valparaíso — Le Chili, pays ultraconservateur qui n’autorise l’avortement sous aucune circonstance, est à un pas d’un changement de société majeur : le Sénat vient d’adopter la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) thérapeutique et en cas de viol.
Après des heures de débat intense et plus de deux années de procédure, les sénateurs chiliens ont approuvé dans la nuit de mardi à mercredi le principe de la dépénalisation de l’avortement dans trois cas: risque vital pour la mère, nonviabilité du foetus et viol.
Ce texte phare de la présidente Michelle Bachelet doit maintenant être validé par la Chambre des députés pour que le Chili quitte la vingtaine de pays interdisant totalement l’avortement, selon l’Organisation mondiale de la santé.
«C’est un matin historique», s’est félicitée la présidente socialiste alors que 70% des Chiliens approuvent le texte, selon les sondages. «Au-delà de l’avis personnel de chacun, ce que permet [ce texte] c’est que nous soyons un pays où les femmes aux prises avec de telles situations peuvent prendre la meilleure décision possible», a ajouté la chef de l’État, dont le mandat se termine en mars 2018.
«Les trois causes qui étaient au coeur de la lutte ont été approuvées, […] ce qui représente une grande contribution à l’histoire du Chili », a annoncé Claudia Dides, porte-parole d’une association de défense des droits de la personne, quelques minutes après le vote du Sénat, applaudi par les défenseurs du projet qui assistaient à la séance.
Officiellement, le Chili enregistre quelque 30 000 avortements provoqués ou spontanés, mais les interruptions clandestines pourraient être de l’ordre de 160 000.
Outre le Chili, le Salvador, le Nicaragua, le Suriname, Haïti, la République dominicaine sur le continent américain, les Philippines et les îles Palaos en Asie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Gabon, le Congo, Madagascar, Djibouti et la Mauritanie en Afrique interdisent totalement l’avortement. En Europe, seuls Malte, Andorre, le Vatican et Saint-Marin sont dans ce cas.
Violée par un parent, enceinte d’un bébé non viable, une Chilienne de 13 ans n’a eu d’autre issue que d’aller au bout de sa grossesse. Son cas et d’autres semblables, dont celui de Belen, une fillette de 11 ans enceinte après avoir été violée par son beau-père, ont ému l’opinion publique et relancé le débat sur une légalisation partielle de l’avortement, qui a repris fin 2014 au Congrès.