L’affluence commerciale n’a pas été au rendez-vous
La tenue des courses à quelques pas de la rue Sainte-Catherine n’a pas généré l’achalandage anticipé
La tenue du championnat de Formule E à Montréal en fin de semaine n’a pas eu l’effet escompté pour les commerçants de la rue Sainte-Catherine, dans le Village gai. Bon nombre d’entre eux ont réalisé un chiffre d’affaires égal ou inférieur aux autres week-ends de l’été.
Le maire Denis Coderre affirmait pourtant la semaine dernière que les courses de voitures électriques, qui ont eu lieu tout près du secteur, attireraient une clientèle supplémentaire pour les commerçants du quartier.
Au café La graine brûlée, on s’était préparé à recevoir plus de clients. « Notre boss nous a dit qu’il y aurait plus d’achalandage, mais on ne le voit pas », a dit une employée derrière le comptoir en balayant du regard la poignée de clients présents dans l’établissement dimanche avant-midi.
Même déception chez Peter Sergakis, propriétaire du complexe Sky et de La Station des sports. « On n’a pas fait 1$ de plus que les autres samedis ensoleillés d’été », note le commerçant.
« Les gens passent mais n’arrêtent pas. Des clients réguliers nous ont avertis qu’ils ne viendraient pas en raison des entraves à la circulation », a pour sa part déclaré le propriétaire du Resto du Village, Léo Berthiaume. Le commerçant affirme avoir fait 60% de son chiffre d’affaires habituel samedi,
« Des clients réguliers nous ont avertis qu’ils ne viendraient pas en raison des entraves à la circulation Léo Berthiaume, propriétaire du Resto du Village
et il n’anticipait pas de meilleures recettes dimanche.
Au restaurant Comptoir 21, la gérante, Maria Karas, affirme avoir vécu son pire samedi de la saison cette fin de semaine. Alors qu’elle avait constaté une augmentation de la clientèle lors du défilé des Géants, en mai, elle n’a vu aucune différence pour la Formule E.
Sur la rue Ontario, la situation n’était pas mieux, selon le propriétaire de la Station Ho.st, Frédéric Cormier. «Il n’y a personne, tout simplement », a-t-il laissé tomber au bout du fil. Le commerce a dû démanteler sa terrasse pour l’événement, à la demande de la Ville de Montréal, qui anticipait une hausse de la circulation automobile sur cette rue.
Aucun client ne s’est présenté à la Poissonnerie La Mer lors du passage du Devoir dimanche. L’établissement, enclavé dans le circuit, était accessible seulement par la rue Cartier. « Nos ventes baissent dramatiquement », a affirmé la gérante, Mariam Idle.
Les résidents af fectés
Les résidents du secteur enclavé ont également vécu certains désagréments en fin de semaine. Le terrain d’une coopérative d’habitation située près des rues Amherst et SaintAntoine a été abîmé par les passants. «J’ai dû installer des rubans jaunes pour en bloquer l’accès», déplore Thierry Alexandre.
Carole Denis, une résidente de cette coopérative, compte entreprendre des démarches auprès de la Ville afin de se faire rembourser les dégâts. «Le terrain est complètement scrap », dénonce-t-elle.
Une autre résidente, Roxanne Ducharme, dort mieux depuis qu’il n’y a plus de travaux en pleine nuit près de chez elle. Mais elle appréhende le bruit que fera le démontage du site.
Cette étape devait débuter dans la nuit de dimanche à lundi pour se poursuivre jusqu’au 9 août, a fait savoir la Ville. « Le démontage se fait principalement de nuit pour minimiser les impacts sur la circulation et éviter les fermetures complètes de jour. C’est aussi une question d’efficacité», a fait savoir la porte-parole Anik de Repentigny.
Les spectateurs satisfaits
Sur le site, les spectateurs rencontrés par Le Devoir ont dit être satisfaits de l’événement. Quelques-uns auraient préféré que la course ait lieu sur le circuit Gilles-Villeneuve, comme le réclamaient divers opposants. « Ils auraient dû faire ça sur l’île Notre-Dame, on a un site qui ne sert pas», a déclaré Martin Belval. Sa conjointe, Nathalie Prince, appréciait pour sa part l’environnement urbain du championnat.
Peu des gens interrogés connaissaient la Formule E, mais tous se sont dits interpellés par l’électrification des transports. « C’est l’avenir », nous a-t-on dit à plusieurs reprises. La sensibilisation à cet enjeu était un des arguments du maire Coderre pour défendre la tenue des courses à Montréal.
Sans connaître le nombre de billets vendus, un préposé à la billetterie d’evenko a signalé au Devoir que les gradins étaient complets. Quelques revendeurs de billets se trouvaient près du site dimanche.