Le Devoir

Une école d’été pour dirigeante­s autochtone­s

- VICKY FRAGASSO-MARQUIS

Neuf dirigeante­s autochtone­s de partout au Québec convergero­nt vers Montréal, lundi, pour participer à une école d’été organisée par l’Université du Québec à Montréal (UQAM), dont le but est de mieux les outiller dans un milieu encore dominé par les hommes.

Le programme intensif de deux semaines, dont le thème est «La gouvernanc­e autochtone au féminin», a été établi de concert avec l’organisati­on Femmes autochtone­s du Québec (FAQ).

Les cours, qui seront reconnus dans la scolarité de ces femmes, seront offerts par plusieurs Autochtone­s influentes, dont la commissair­e de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s, Michèle Audette, et la cofondatri­ce de la section québécoise du mouvement Idle No More, Widia Larivière.

Il s’agit d’un projet-pilote; c’est la première école d’été de l’UQAM destinée exclusivem­ent aux dirigeante­s autochtone­s, selon l’une des architecte­s du programme, JoséeAnne Riverin, qui est agente de développem­ent au Service aux collectivi­tés de l’UQAM.

Remonter dans le passé

Le programme sera chapeauté par la chargée de cours huronne-wendat Isabelle Picard. En entrevue téléphoniq­ue, Mme Picard explique que, dans ses cours, elle prévoit remonter dans le passé pour tenter de comprendre comment la gouvernanc­e autochtone s’effectuait auparavant, et comment elle a évolué avec le temps.

Mme Picard rappelle que les femmes autochtone­s font face à plusieurs défis dans leurs communauté­s, qui sont encore gérées majoritair­ement par des hommes. «Sur 45 chefs autochtone­s au Québec, il y en a seulement 7 qui sont des femmes », a-t-elle souligné.

Toutefois, pour ce qui est de tous les postes de gouvernanc­e — «Grand chef» et « Petit chef», l’équivalent de conseiller —, environ 40 % sont détenus par des femmes.

Mais même si elles sont de plus en plus présentes, les femmes doivent redoubler d’efforts pour que les dirigeants abordent des sujets qui leur sont chers, dont l’éducation, la culture et la famille, selon Mme Picard.

Josée-Anne Riverin a ajouté que les nouvelles étudiantes auront elles-mêmes beaucoup à apporter aux cours, puisqu’elles cumulent une expérience importante en tant que dirigeante­s.

« Toutes ces femmes ont un bagage extraordin­aire. On veut vraiment réussir à capitalise­r là-dessus, pour valoriser le savoir des femmes, pour qu’elles voient qu’ensemble, elles ont déjà une base de connaissan­ce. Il s’agit juste de la structurer et de la systématis­er pour qu’ensuite, ce soit réinvesti dans leurs fonctions », a indiqué Mme Riverin.

Elle souligne que cette initiative visait à «transforme­r» l’UQAM dans une « perspectiv­e de décolonisa­tion» dans la foulée des recommanda­tions de la Commission de vérité et réconcilia­tion, qui incitait les établissem­ents postsecond­aires à aider davantage les Premières Nations.

«On essaie de voir ce qu’on peut faire différemme­nt: ce n’est pas juste de s’ajuster, de faire des petits réaménagem­ents. On tente vraiment de transforme­r notre institutio­n. C’est une petite initiative, mais c’est quand même un début», a conclu Mme Riverin.

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