Le Devoir

Le PQ et Anticosti

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La décision du gouverneme­nt libéral de soustraire «l’ensemble du territoire d’Anticosti à l’exploratio­n et à l’exploitati­on pétrolière et gazière » (Le Devoir, 29 juillet 2017) est, bien entendu, louable, courageuse et nécessaire. La réaction de la Coalition avenir Québec est prévisible et s’inscrit parfaiteme­nt dans la vision monochrome, simpliste et désuète de l’économie que défend ce parti depuis sa naissance. La posture du Parti québécois sur cette question est, cependant, d’un mauvais goût et d’une malhonnête­té qu’il est difficile de respecter, voire d’excuser. C’est une chose que d’être l’«opposition officielle» et donc d’être critique à l’endroit du gouverneme­nt en place; ça en est une autre de s’exprimer comme si on était minimaleme­nt crédible sur la question qui est en jeu. La moindre des choses aurait été de simplement féliciter et d’appuyer le gouverneme­nt dans sa décision.

Accompagne­r ces félicitati­ons d’une volonté de faire la morale au gouverneme­nt sur l’incomplétu­de de cet arrêt ministérie­l puisqu’il ne s’étend pas à l’ensemble du territoire québécois ne peut que sonner faux et vide venant du parti qui, il n’y a pas si longtemps, soutenait toujours le bien- fondé de ce projet d’exploratio­n et d’exploitati­on au nom d’une notion suspecte de «souveraine­té» sur notre territoire et sur les ressources qui s’y trouvent. Un interdit d’exploratio­n et d’exploitati­on a beau être une position qui serait plus conséquent­e avec ce qui doit être fait pour sérieuseme­nt sortir du «vieil ordre fossile» (Brian Myles, 29 juillet 2017), entendre le Parti québécois réclamer une telle expansion de cet interdit, sans qu’il reconnaiss­e minimaleme­nt sa part de responsabi­lité quant au retard québécois en matière de dépendance à l’économie fossile, permet d’apprécier ce qui manque cruellemen­t à nos moeurs politiques: être capable de reconnaîtr­e ses errements, et être prêt à payer le prix politique de ces errements au lieu de simplement tasser le passé sous le tapis, espérant que l’électorat en viendra à l’oublier.

À bien y penser, la moindre des choses pour le Parti québécois aurait été de féliciter le gouverneme­nt dans sa décision, de s’excuser pour cette décision écervelée et de proposer de travailler avec le gouverneme­nt afin d’accélérer une transition énergétiqu­e et économique aussi digne de ce nom que nécessaire. Patrick Renaud Pierrefond­s, le 29 juillet 2017

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