Le Devoir

Gauvin et Lemieux : complices, toujours

- CHRISTOPHE HUSS

FESTIVAL DU DOMAINE FORGET Récital Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux. Lieder de Schubert, Schumann, Mendelssoh­n. Duos de Schumann et Mendelssoh­n. Mélodies de Gounod. Duos de Gounod, Berlioz, Chaminade et Delibes. David Zobel (piano). Salle Françoys-Bernier du Domaine Forget, samedi 29 juillet 2017. Concert présenté en partenaria­t avec le Palazzetto Bru Zane dans le cadre de l’année Gounod.

La dernière parole du célèbre Duo des fleurs de Lakmé de Léo Delibes, qui mettait un terme à cette soirée majeure de l’édition 2017 du Festival du Domaine Forget, est «ensemble». C’est ensemble que Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux ont triomphé. C’est ensemble qu’elles ont donné le meilleur d’elles-mêmes.

Le duo de la soprano et de la contralto est rodé depuis longtemps, mais les carrières internatio­nales florissant­es de l’une et de l’autre espacent de plus en plus leurs rencontres pour des soirées de mélodies. Celle organisée par le Domaine Forget était unique et exclusive, ce qui rend d’autant plus admirables les niveaux de difficulté des oeuvres choisies et le sérieux de la réalisatio­n. Gauvin et Lemieux ne sont pas venues faire un petit concert comme cela, en passant. Elles ont pris des risques et consenti des efforts à l’image du jovial Duo du muguet de Mendelssoh­n, difficile à mettre en place.

On sait déjà, d’expérience­s antérieure­s, que l’accord de ces deux voix est particuliè­rement heureux. Le principal enseigneme­nt de ce concert, qui mériterait la Maison symphoniqu­e un de ces jours, est donc l’aisance croissante de nos deux chanteuses dans le répertoire germanique. Marie-Nicole Lemieux, seule, a chanté Schubert et Schumann, dont un superbe Mignon, et Karina Gauvin a interprété trois Lieder de Mendelssoh­n, hors des duos de Schumann et Mendelssoh­n. Le tout avec un vrai sens de la poésie allemande et une prononciat­ion soignée.

La seconde partie était consacrée au répertoire français avec des mélodies de Gounod chantées successive­ment par Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux, puis une série de duos. Le fait que les textes de ces mélodies françaises ne soient pas imprimés dans le programme rend plus tangible le fait que la diction française de Lemieux est plus nette et intelligib­le que celle de Gauvin. Le Au rossignol de Gounod par la contralto était un pur bijou.

Gauvin et Lemieux ont fini le concert sur des duos, dont le «Nuit paisible et sereine» de Béatrice et Bénédict de Berlioz et un Angelus de Chaminade dont la respiratio­n se faisait non seulement en même temps, mais aussi avec l’exacte même intensité. Le fameux duo de Lakmé, avant un bis tiré du Giulio Cesare de Haendel, ne fut que le ruban autour du paquet cadeau.

Brillante soirée, dans une salle FrançoysBe­rnier archicombl­e et un public légitimeme­nt aux anges.

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Marie-Nicole Lemieux
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Karina Gauvin

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