Le Devoir

2016, une autre année noire pour le climat

La montée des océans et les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record l’an dernier

- JEAN-LOUIS SANTINI à Washington

Les températur­es, la montée des océans et les émissions de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux sans précédent en 2016, une nouvelle année noire pour le climat, montre jeudi une étude internatio­nale de référence.

Recul record des glaces polaires, inondation­s, sécheresse, multiplica­tion des vagues de chaleur… Le dernier rapport annuel sur «l’État du climat» dresse un portrait des plus sombres de notre planète après deux années consécutiv­es où la températur­e globale était au plus haut depuis le début des relevés de températur­es en 1880.

«Les records de chaleur de l’année dernière résultent de l’influence combinée des tendances de réchauffem­ent du climat à long terme et d’un fort El Niño au début de l’année », le courant chaud équatorial du Pacifique, explique le rapport publié jeudi par l’Agence américaine océanique et atmosphéri­que (NOAA) et l’American Meteorolog­ical Society (AMS).

Ce document de 300 pages, auquel ont contribué près de 500 scientifiq­ues dans plus de 60 pays, montre bien que les principaux indicateur­s des changement­s climatique­s continuent à refléter des tendances conformes à une intensific­ation du réchauffem­ent planétaire.

Même s’ils ne sont pas pris en compte dans le rapport, les six premiers mois de 2017 sont également parmi les plus chauds enregistré­s depuis 1880, selon la NOAA.

La publicatio­n de ce rapport intervient une semaine après l’officialis­ation auprès de l’ONU par les États-Unis de leur décision de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015 par 195 pays.

Le président Donald Trump juge cet accord «néfaste pour l’économie américaine ».

Indices

Plusieurs marqueurs clés, comme les températur­es à la surface du globe, le niveau des océans et les gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ont battu les records de l’année précédente.

En 2016, les concentrat­ions de dioxyde de carbone (CO2) sur la Terre ont dépassé les 400 ppm (parts par million) — 402,9 — pour la première fois depuis le début des relevés. C’est également le plus haut niveau en 800 000 ans, si l’on prend en compte les données provenant de l’étude des couches glaciaires.

Plusieurs pays, dont le Mexique et l’Inde, ont enregistré des températur­es annuelles records en 2016.

Une vague de chaleur d’une semaine dans la péninsule indienne, avec des températur­es dépassant 44 degrés Celsius, a contribué à créer une pénurie d’eau pour 330 millions de personnes et fait 300 morts.

Dans l’Arctique, zone la plus sensible au réchauffem­ent, la températur­e moyenne à la surface l’année dernière se situait deux degrés au-dessus de la moyenne de 1981-2010, battant tous les records.

À la fin de l’hiver en mars, l’étendue maximum des glaces arctiques était la plus faible en 37 ans d’observatio­ns par satellite. Dans l’Antarctiqu­e, la banquise a connu son plus faible accroissem­ent, très inférieur à la moyenne de 19812010.

Quant à la températur­e globale sur les océans, elle a été plus élevée (+0,1 degré Celsius) que la tendance de 1950 à 2016, précise le rapport.

La fonte de glaces et des calottes polaires a élevé le niveau des océans à un nouveau record, 82 millimètre­s au-dessus de la moyenne enregistré­e en 1993.

Dans les régions équatorial­es, 93 tempêtes tropicales se sont produites en 2016 soit plus que la moyenne de 82 entre 1981 et 2010, mais moins que les 101 en 2015.

« Les changement­s climatique­s sont l’un des problèmes les plus pressants auxquels l’humanité et la vie sur Terre doivent faire face», écrivent les auteurs de ce rapport de référence, que l’on peut consulter sur Internet.

Un autre rapport rédigé par treize agences fédérales américaine­s et publié cette semaine par le New York Times détaille les effets du réchauffem­ent climatique aux ÉtatsUnis alors que les températur­es moyennes ont augmenté de manière spectacula­ire ces dernières décennies sur le territoire américain, et sont désormais les plus chaudes en 1500 ans.

Ce document n’a pas été rendu public, ni encore approuvé par le gouverneme­nt Trump. Les scientifiq­ues craignent que le rapport soit censuré, car il contredit l’affirmatio­n de Donald Trump et de membres de son cabinet selon laquelle «la contributi­on humaine aux changement­s climatique­s n’est pas démontrée».

Les six premiers mois de 2017 sont également parmi les plus chauds enregistré­s depuis 1880, selon la NOAA

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