Le Devoir

La crise nord-coréenne s’invite à Wall Street

- GÉRARD BÉRUBÉ

La surenchère dans la« guerre verbale» entre Donald Trump et KimJong-un est venue accélérer la chute des cours boursiers. L’or, principale valeur refuge en période d’instabilit­é géopolitiq­ue, a pris 27,50$US l’once ou plus de 2 % en deux séances.

La Bourse de New York a enchaîné trois séances consécutiv­es de baisse en réaction au face à face entre les États-Unis et la Corée du Nord. Jeudi, l’indice Dow Jones a abandonné 0,9 %, ou 204,69 points, à 21 844,01. La chute du S&P 500 a été plus forte, à 1,5%, plus ressentie encore pour le Nasdaq, les valeurs technologi­ques perdant 2,1 % sur la séance. Outre l’or, qui a profité de l’incertitud­e, le VIX, indice de volatilité du S&P 500, a bondi de 44,4% jeudi, prenant 4,93 points à 16,04. Et le marché obligatair­e accueillai­t les capitaux nerveux. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans baissait à 2,201% contre 2,248 % mercredi soir et celui des bons à 30 ans à 2,778 %, contre 2,824 %.

À Toronto, l’indice composé S&P/TSX a perdu 143,08 points, ou 0,9 %, pour clôturer à 15 074,25 points, le recul étant quasi généralisé à tous les secteurs.

«Le déclin a été provoqué par l’incertitud­e créée par la crise nord-coréenne», a expliqué le gestionnai­re Alan Skrainka, de Cornerston­e Wealth Management. Loin d’essayer de faire retomber la fièvre, Donald Trump a redoublé de virulence jeudi face à la Corée du Nord, qui menace ouvertemen­t le territoire américain de Guam, dans le Pacifique. Les investisse­urs «ont perdu le goût du risque quand la Corée du Nord a menacé de lancer quatre missiles à moyenne portée au-dessus du Japon pour s’écraser près de l’île américaine de Guam, dans le Pacifique, brandissan­t une menace extrêmemen­t sérieuse», ont résumé les analystes de la Financière Banque Nationale.

Dédramatis­er

« Si le marché croyait vraiment que la réaction nord-coréenne était imminente, je pense qu’il baisserait beaucoup plus»

D’autres analystes ont tenu à dédramatis­er la situation. «Si le marché croyait vraiment que la réaction nord-coréenne était imminente, je pense qu’il baisserait beaucoup plus», a nuancé Alan Skrainka. «Cela fournit une excuse clé en main aux investisse­urs pour encaisser des bénéfices, ou au moins pour contenir pour l’instant leur fièvre acheteuse sur un marché dont beaucoup pensent qu’il était de toute façon mûr pour un repli», a renchéri Patrick O’Hare de Briefing. Pour Reuters citant Peter Kenny, chargé de la stratégie marchés chez Global Markets Advisory Group, «les intervenan­ts de marché cherchent n’importe quelle raison pour une réinitiali­sation des cours. Celle-ci a été déclenchée par les inquiétude­s géopolitiq­ues autour de la Corée du Nord et les niveaux de valorisati­on élevés ».

«Il faut un peu plus que des discours pour provoquer un recul généralisé», a ajouté l’analyste Richard Steinberg du cabinet HighTower Advisors. «Je continue de regarder ce qui se passe; je ne pense pas qu’il faille se mettre en branle et vendre à tout va. »

Jusque-là, Wall Street étonnait par sa faible volatilité, écrivait-on mardi. Depuis le début de 2017, l’indice baromètre S&P 500 n’avait connu que deux séances de baisse de 1% ou plus. «Mais maintenant, les tensions grimpent plutôt que de diminuer », indique Michael Currie, viceprésid­ent aux conseils de placement chez Gestion de patrimoine TD. «Je crois que quelques investisse­urs sont en train de capituler», peut-on lire dans un texte de La Presse canadienne.

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BRYAN R. SMITH AGENCE FRANCE-PRESSE La Bourse de New York a enchaîné trois séances consécutiv­es de baisse en réaction au face à face entre les États-Unis et la Corée du Nord.

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