Le Devoir

Le couvent en folie

The Little Hours revisite Le décaméron de Boccace sur le mode de la non-exploitati­on

- MANON DUMAIS

THE LITTLE HOURS

★★ 1/2 Comédie fantaisist­e de Jeff Beana. Avec Aubrey Plaza, Alison Brie, Kate Micucci, Dave Franco, Molly Shannon et John C. Reilly. États-Unis, 2017, 90 minutes.

Craignant que son maître découvre qu’il est l’amant de sa femme, Massetto (Dave Franco), jeune palefrenie­r, fuit la demeure du premier. En chemin, il rencontre le père Tommasso (John C. Reilly) qui lui propose de remplacer le jardinier du couvent, qui a quitté son poste en raison du caractère irascible des religieuse­s. Afin d’éviter que Massetto subisse le même sort, Tommasso lui suggère de se faire passer pour sourd et muet auprès de l’abbesse Marea (Molly Shannon).

Bientôt, trois nonnes au sang chaud, la fantasque Fernanda (Aubrey Plaza), la fleur bleue Alessandra (Alison Brie) et la candide Ginerva (Kate Micucci), vont s’initier aux plaisirs de la chair en compagnie de Massetto, qui aura de plus en plus de difficulté à s’acquitter de ses tâches de jardinier.

Adaptation libre de deux récits croisés du Décaméron de Boccace, soit les deux premières nouvelles de la troisième journée, cette comédie folichonne de Jeff Beana, réalisateu­r de Life After Beth (présenté à Fantasia en 2014) et coscénaris­te de I Heart Huckabees de David O. Russell, rappelle les films de non-exploitati­on des années 1970, dont le plus emblématiq­ue du genre est Les diables du regretté Ken Russell. Hormis une séquence où des sorcières se livrent à un rituel nocturne dans la forêt, The Little Hours n’a cependant rien de bien sulfureux.

Baignant dans une atmosphère gentiment bucolique, grâce à la photograph­ie soignée, cette modeste réalisatio­n n’a aucunement l’ambition de titiller l’iris du spectateur, mais plutôt de lui dilater la rate. De fait, les nombreuses scènes à caractère sexuel sont plutôt pudiques et cocasses. C’est au niveau du langage que le tout se corse, les acteurs ayant pris un malin plaisir à utiliser à tout moment le «F Word» alors qu’ils improvisai­ent leurs dialogues.

Comédie à l’humour potache évoquant l’esprit joyeusemen­t irrévérenc­ieux de Saturday Night Live, The Little Hours se moque allègremen­t de l’hypocrisie de l’Église catholique, passe au tordeur la solidarité féminine et jongle avec les clichés sexuels. Certes, on s’y amuse, notamment grâce à la présence de la pince-sans-rire Aubrey Plaza, compagne et muse de Beana et l’une des productric­es du film, mais force est d’admettre que The Little Hours manque malgré tout d’audace dans le propos. Si l’exercice divertit, la comédie se révèle bien inoffensiv­e en fin de compte. V.O.A.: Cinéma du Parc.

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MÉTROPOLE FILMS Les scènes à caractère sexuel sont plutôt pudiques et cocasses.

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