Donald Trump redouble de virulence
Loin d’essayer de faire retomber la fièvre, Donald Trump a redoublé de virulence jeudi face à la Corée du Nord, qui menace ouvertement le territoire américain de Guam, dans le Pacifique.
Accusé par le régime de Kim Jong-un d’avoir perdu la raison, le président américain a défendu sa formule controversée sur «le feu et la colère» promis à Pyongyang, estimant qu’elle n’était «peut-être pas assez dure ».
«Il est grand temps que quelqu’un parle haut et fort pour les habitants de notre pays et les habitants d’autres pays», a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances.
Pyongyang a présenté son projet détaillé pour tirer quatre missiles au-dessus du Japon vers Guam, avant-poste stratégique des forces américaines sur la route de l’Asie. Cela constituera «un avertissement crucial aux États-Unis»,a prévenu la Corée du Nord.
Cette guerre rhétorique autour des programmes balistique et nucléaire de Pyongyang alimente les craintes d’une erreur de calcul qui aurait des conséquences catastrophiques sur la péninsule coréenne et au-delà.
En juillet, le Nord a mené deux tirs réussis de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), mettant une bonne partie du continent américain à sa portée.
Interrogé sur de possibles frappes préventives, M. Trump s’est refusé à tout commentaire. «Nous ne nous exprimons pas là-dessus. Je ne le fais jamais […] Nous verrons ce qui se passera», a-t-il dit.
La région risque «une minicrise des missiles cubains », a jugé John Delury, professeur à l’Université Yonsei de Séoul. En 1962, l’installation de fusées nucléaires soviétiques à Cuba avait provoqué une surenchère et fait craindre à la planète une guerre atomique. Dans ce climat tendu, l’Union européenne a annoncé jeudi avoir ajouté de nouvelles personnalités et entités nord-coréennes sur sa liste noire, qui comprend désormais 103 personnes et 57 entités, dont la banque étatique Foreign Trade Bank (FTB).
«Un gars qui a perdu la raison»
Les propos incendiaires de M. Trump sont autant « d’absurdités », a déclaré le général Rak-Gyom, commandant des forces balistiques nord-coréennes, cité par l’agence officielle KCNA. «Un dialogue sensé n’est pas possible avec un gars comme ça qui a perdu la raison. »
L’armée nord-coréenne apportera les touches finales à son projet contre Guam d’ici la mi-août et le soumettra pour évaluation au jeune dirigeant nord-coréen, a-t-il ajouté.
Quatre missiles seront tirés simultanément et survoleront les préfectures japonaises de Shimane, d’Hiroshima et de Koichi, a expliqué l’armée.
Les engins «voleront 17 minutes et 45 secondes sur une distance de 3356,7kilomètres, et s’écraseront en mer à 30 ou 40kilomètres de Guam». Ils s’abîmeraient ainsi à l’extérieur des eaux territoriales américaines.
Le Japon, qui a averti par le passé qu’il abattrait tout missile menaçant son territoire, a réaffirmé qu’il ne «tolérera jamais les provocations » du pays reclus.
D’après les analystes, des tirs vers Guam placeraient Washington dans une position délicate : s’il ne tente pas de les intercepter, sa crédibilité en prendra un coup et Pyongyang se sentira pousser des ailes pour mener un test d’ICBM grandeur nature.
La région risque «une minicrise des missiles cubains»