l’art africain au Festival Afropolitain Nomade
En tant qu’artiste, on la connaît sous le nom de Veeby, mais la Montréalaise Vanessa Kanga porte un autre chapeau, celui d’entrepreneure culturelle. À ce titre, elle organise depuis cinq ans le Festival Afropolitan Nomade, dont la 4e édition se déroule à Pointe-Noire, au Congo jusqu’au 19 août. Au programme, des artistes montréalais, congolais et d’ailleurs dans la Francophonie.
D’abord le concept, Vanessa le résume : «C’est celui de l’ afro polit anis me, qui est développé par le chercheur Achille Mbembe. C’est le fait de dire qu’on est une nouvelle génération d’Africains urbains. On se définit par notre caractère cosmopolite, mais on est profondément enracinés dans notre culture africaine. J’aime beaucoup ce terme qui exige une combinaison d’ici ailleurs et de nous les autres».
Pour ce festival qui est présenté chaque année dans un lieu différent, la responsable cherche des musiciens qui transmettent un message dans leurs oeuvres. Quel est-il ? « C’est le dialogue, les échanges interculturels, la revendication pacifique autour d’enjeux comme la démocratisation, la place des femmes ou le numérique dans la tradition orale. »
L’objectif du festival est de faire tourner des artistes en Afrique. «Les artistes africains ont un gros problème de mobilité, et les tourneurs n’ont pas souvent dans leurs carnets des villes comme Dakar, Abidjan ou Douala. Paradoxalement, nous à Montréal, on est des artistes de la diversité avec de gros problèmes de mobilité internationale parce qu’on a du mal à développer notre offre de concerts. Mais on peut se déplacer. Alors, on va les rejoindre», fait valoir Vanessa Kanga.
Artistes internationaux, financement local
Pour le fonctionnement de l’événement, elle s’inspire du modèle de la franchise. Elle recrute les artistes montréalais et du monde, planifie le financement international et trouve des partenaires sur le terrain qui assurent la logistique et la programmation locale. On trouve du financement local et on s’associe généralement aux ministères de la Culture des pays hôtes: «Cette année, mon partenaire média est Akalya, et les activités se déroulent au centre culturel Jean-Baptiste Tati-Loutard ou il y a trois salles polyvalentes, une bibliothèque, un terrain de basket et un espace pour une scène extérieure», explique la Montréalaise.
En plus des spectacles, on y offre ateliers, conférences et résidences de création autour d’un thème. Cette année, il est question de «l’art et [du] dialogue au service de la paix». Vanessa Kanga explique pourquoi: «À Pointe-Noire, on est à un jet de pierre de la République démocratique du Congo, où il y a des affrontements. On est donc trop près d’événements marquants pour ne pas parler de paix.»
Et la programmation là-dedans? Très peu de têtes d’affiche, sauf Freddy Massamba. Du Congo, on accueille ainsi la chanteuse Lorna, l’important groupe de gospel Ecoma Gospel et Diofel, qui donne dans le slam et la poésie tout en travaillant avec les jeunes de la rue. Puis de Montréal, on offre le rappeur engagé Emrical, Veeby elle-même avec son puissant afrosoul, Elena Stoodley, qui est artiste de spoken word, militante et animatrice à CKUT, Stella Jetté, de la famille de Kalmunity, et Jean Garby, le rappeur qui a monté le Keke Show avec le photographe Kevin Calixte.
Une scène «world» est également présentée avec des artistes africains qui ne sont pas du Congo, dont Koudy du Bénin, Alibeta, le «troubadour afropolitain» du Sénégal au style posé, et le chanteur camerounais Armand Biyag. Sinon, on propose Alibeta, également du pays de la téranga, la slameuse algérienne Ashka et Rutshelle Guillaume, d’Haïti, qui chante en créole en mélangeant les musiques urbaines avec un peu de musique traditionnelle. Tout cela semble alléchant.
LE FESTIVAL AFROPOLITAN NOMADE À Pointe-Noire, au Congo, du 14 au 19 août Renseignements: afropoli tankvnproductions.com/ nouvelles.html