Le Devoir

L’amour, c’est compliqué

L’AMANT DE SAMUEL Texte: Denis-Martin Chabot. Mise en scène: Steve Bastien. Au Théâtre Sainte-Catherine, à l’occasion de Fierté Canada Montréal, jusqu’au 19 août.

- CHRISTIAN SAINT-PIERRE

Parmi les quelque 125 événements présentés en ce moment sous la bannière de Fierté Canada Montréal, on ne trouve que trois spectacles de théâtre, dont un seul en français. Première pièce du journalist­e et romancier DenisMarti­n Chabot, L’amant de Samuel est une comédie romantique convention­nelle, mais aussi désopilant­e, et parfois même émouvante.

Mis en scène par Steve Bastien avec les moyens du bord, sur et autour d’un plateau minuscule, le spectacle comporte sa dose de problèmes techniques. N’y allons pas par quatre chemins: du son aux éclairages en passant par les fastidieus­es transition­s entre les scènes, la représenta­tion souffre d’un sérieux manque de rythme. Heureuseme­nt, l’essentiel n’est pas là. C’est plutôt dans les personnage­s, fort attachants, que réside l’intérêt de l’entreprise.

Trentenair­e armé de son téléphone, Samuel multiplie les conquêtes d’un soir. Jusqu’à ce qu’il rencontre Mike, un quinquagén­aire qui a déjà vu neiger. Leur histoire sera faite de sexe fusionnel et de moments tendres, mais aussi de quelques mensonges éhontés. Pour garder le cap dans cette montagne russe émotionnel­le, le héros peut compter sur son meilleur ami et voisin, Thomas, éternel célibatair­e, drag queen à ses heures, un jeune homme dont la répartie n’a d’égal que son amour inavoué pour Samuel.

De Jean-Benoit Archambaul­t et Jean Belzil-Gascon, qui incarnent les amants avec sensualité, jusqu’à Jérémy Masson-Tremblay, qui se glisse tout naturellem­ent dans la peau d’un jeune homme suscitant la convoitise de tous, en passant par Francine Lareau, qui campe une adorable mère indigne, toutes les interpréta­tions sont convaincan­tes. Mais c’est sans nul doute Mario Laframbois­e qui livre la plus belle performanc­e. Son Thomas est tout simplement truculent.

S’il faut reconnaîtr­e que l’intrigue est mince et pas tout à fait nouvelle, il reste que les personnage­s ont suffisamme­nt d’humanité pour passer la rampe. Malgré quelques formules toutes faites, une poignée de jeux de mots malheureux et deux ou trois rebondisse­ments prévisible­s, leurs déboires avec l’amour et l’amitié sonnent juste. Il est question de confiance, de jalousie et d’engagement, mais aussi de la peur de vieillir, surtout seul, des sujets indémodabl­es, de ceux qui traversent toutes les génération­s.

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PAPARASERG­E L’intérêt de L’amant de Samuel réside dans les personnage­s fort attachants.

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