Le Devoir

Le transfert de travailleu­rs guatémaltè­ques n’aura pas lieu

Ottawa a toutefois autorisé les travailleu­rs mexicains à intégrer d’autres fermes

- AMÉLI PINEDA

Le calme n’est pas encore complèteme­nt revenu en Montérégie, où des producteur­s agricoles ont vu leurs récoltes ravagées après un important cocktail météorolog­ique le 4 août dernier. Une dizaine de jours plus tard, Ottawa autorise finalement le transfert de travailleu­rs mexicains dans d’autres fermes, mais pas celui de travailleu­rs guatémaltè­ques.

À la suite de la tempête, des producteur­s agricoles avaient demandé au gouverneme­nt d’assouplir le fonctionne­ment du programme des travailleu­rs étrangers temporaire­s, qui actuelleme­nt les oblige à travailler exclusivem­ent pour un seul producteur.

Les producteur­s craignaien­t d’être forcés de renvoyer quelque 350 travailleu­rs saisonnier­s du Mexique et du Guatemala dans leur pays deux mois à l’avance, faute de travail. Dix jours plus tard, le sort de certains d’entre eux est toujours incertain.

«On tente de leur donner du travail le plus longtemps possible, mais on n’a pas le choix d’évaluer nos besoins chaque semaine », explique Denys Van Winden, propriétai­re des Production­s horticoles Van Winden, à Sherringto­n.

Immigratio­n Canada et Emploi et Développem­ent social Canada ont consenti à une partie de la demande des producteur­s.

«Le gouverneme­nt a confirmé qu’il sera possible de transférer environ 120 travailleu­rs mexicains chez d’autres producteur­s qui sont déjà enregistré­s auprès d’eux comme employeur dans le cadre du Programme des travailleu­rs agricoles saisonnier­s [PTAS] », explique Fernando Borja, directeur général par intérim de la Fondation des entreprise­s en recrutemen­t de main-d’oeuvre (FERME), qui se spécialise dans le recrutemen­t de travailleu­rs agricoles étrangers.

Des programmes différents

En effet, les travailleu­rs agricoles mexicains et guatémaltè­ques ne bénéficien­t pas du même programme lorsqu’ils obtiennent un permis de travail, explique M. Borja.

Le contrat de travail type d’un travailleu­r mexicain comprend par exemple un nombre minimal de 240 heures.

«Le programme des travailleu­rs mexicains est un peu plus souple que celui des Guatémaltè­ques. Nous nous réjouisson­s de la réponse rapide d’Immigratio­n Canada, mais c’est certain que nous espérons qu’ils envisagent plus de flexibilit­é dans les permis des travailleu­rs de tous les pays lorsqu’une telle situation survient », souligne M. Borja.

À défaut d’obtenir l’autorisati­on d’Immigratio­n Canada de transférer certains travailleu­rs guatémaltè­ques sur d’autres terres, les producteur­s tentent tant bien que mal de leur trouver de nouvelles tâches.

«C’est certain que la saison risque d’être écourtée pour certains», indique M. Borja.

M. Van Winden a devancé la coupe de bulbe d’ail, qu’il fait généraleme­nt durant l’automne, pour éviter de renvoyer les travailleu­rs agricoles dans leur pays.

Sur les 55 travailleu­rs étrangers de sa ferme, 10 proviennen­t du Guatemala.

«La semaine prochaine, je vais sans doute devoir transférer 15 travailleu­rs mexicains dans une ferme voisine, parce que je ne vais pas avoir assez d’ouvrage pour tout le monde», confie-t-il.

Le gouverneme­nt du Canada assure se pencher sur la mobilité des travailleu­rs étrangers lorsqu’ils perdent leur emploi.

En septembre 2016, un comité permanent de la Chambre des communes avait recommandé l’éliminatio­n du permis de travail associé à un seul employeur. Le PTAS a été modifié en décembre 2016, mais n’a pas inclus cette propositio­n.

«Le gouverneme­nt examine la recommanda­tion du Comité », soutient Amélie Maisonneuv­e, porte-parole chez Emploi et Développem­ent social Canada.

Quant à l’évaluation des dommages subis, les producteur­s doivent recevoir dans les prochains jours la visite de La financière agricole.

Les producteur­s réclament toujours la mise sur pied d’un programme «catastroph­e» pour obtenir une aide financière d’urgence.

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GUILLAUME LEVASSEUR LE DEVOIR Les producteur­s craignaien­t d’être forcés de renvoyer quelque 350 travailleu­rs saisonnier­s.

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