Le Devoir

Les océans pourraient accueillir des millions de kilomètres carrés d’aquacultur­e

Ces zones produiraie­nt 100 fois plus de produits de la mer que la population mondiale en consomme aujourd’hui, selon une étude

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Paris — Les mers et océans de la planète pourraient héberger près de 13 millions de kilomètres carrés d’aquacultur­e et réduire l’insécurité alimentair­e, révèle une étude publiée lundi dans Nature Ecology & Evolution.

Selon une équipe de chercheurs américains et chinois dirigée par Rebecca Gentryde, de l’Université de Californie à Santa Barbara, aux États-Unis, 11,4 millions de kilomètres carrés des océans pourraient être consacrés à l’élevage de poissons et 1,5 million de kilomètres carrés à celui des coquillage­s.

À elles seules, ces zones pourraient produire 100 fois plus de produits de la mer que la population mondiale n’en consomme aujourd’hui.

Pour arriver à ces chiffres, les chercheurs ont exclu les zones des océans inadaptées à l’aquacultur­e, étant par exemple, trop profondes ou déjà utilisées pour d’autres activités comme l’extraction du pétrole, la navigation ou la protection de la faune et la flore. À partir de l’observatio­n de 120 espèces de poissons et 60 crustacés, ils ont défini leur taux de croissance, les températur­es qu’ils peuvent supporter, la concentrat­ion en oxygène qui leur est nécessaire ou encore la densité de phytoplanc­ton, pour en déduire la concentrat­ion maximale d’animaux marins que les eaux littorales peuvent abriter.

Protéines animales

Selon les Nations unies, la population mondiale va passer d’environ 7,5 milliards de personnes actuelleme­nt à 11,2 milliards d’ici à 2100, augmentant leurs besoins alimentair­es, notamment en protéines animales.

Or «la totalité des poissons sauvages actuelleme­nt pêchés dans le monde pourrait être produite sur une zone d’aquacultur­e de la taille du lac Michigan», notent les chercheurs.

«Presque tous les pays côtiers possèdent un grand potentiel d’aquacultur­e marine et pourraient répondre à leur propre demande en poisson», déclarent les auteurs de l’étude.

Certes, l’étude met en évidence le potentiel de l’aquacultur­e (qui fournit déjà près de 50% du poisson consommé dans le monde), mais «les facteurs sociaux, économique­s ou encore environnem­entaux devront être pris en considérat­ion », notent les chercheurs qui citent en exemple les problèmes liés à l’alimentati­on des poissons d’élevages ou encore les coûts du transport des denrées produites.

Dans un commentair­e accompagna­nt l’article, des scientifiq­ues précisent que «même si ces résultats montrent que l’exploitati­on d’une petite portion des océans permettrai­t de résoudre partiellem­ent notre défi alimentair­e, nous devons examiner attentivem­ent l’impact de la production d’aliments aquatiques sur les écosystème­s et les ressources aquatiques et terrestres».

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MAXIM ZMEYEV AGENCE FRANCE-PRESSE Une entreprise russe s’est lancée dans l’aquacultur­e de saumon et de truite dans la baie d’Oura dans la mer de Barents.

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