Le Devoir

« Une probabilit­é élevée que la compagnie ne survive pas »

Le président de l’associatio­n des retraités doute que la compagnie puisse se remettre sur les rails

- FRANÇOIS DESJARDINS

Il est peu probable que Sears Canada soit véritablem­ent en mesure de se remettre sur les rails afin de poursuivre ses activités comme dans le passé, estime sans détour le président de l’associatio­n des retraités.

Dans une déclaratio­n sous serment déposée vendredi à la Cour supérieure de l’Ontario, William Turner, autrefois président à la commercial­isation, au marketing et à la logistique de Sears Canada, dit ne pas croire que la direction actuelle a des chances importante­s de renverser la vapeur et il ajoute que son avenir est en péril.

Engagée depuis trois semaines dans un processus de liquidatio­n aux magasins ciblés par une fermeture, Sears Canada vit depuis 10 ans une détériorat­ion constante de ses finances, a souligné M. Turner. Par exemple, le chiffre d’affaires annuel est passé de 6,2 milliards à 2,6 milliards de 2004 à 2016.

«Sears n’a pas attiré de nouveaux clients, et son bassin diminue», a écrit M. Turner, qui a pris sa retraite de l’entreprise en 2002 après une carrière de 36 ans qui l’a vu gravir presque tous les échelons de la société.

«Étant donné sa situation financière depuis quelques années, je ne crois pas qu’il soit possible de poursuivre les activités comme dans le passé », a-t-il ajouté. «Je n’ai pas confiance dans l’hypothèse selon laquelle la direction, sans changement significat­if, pourrait changer la situation. En fait, il y a une probabilit­é élevée que la compagnie ne survive pas.»

L’associatio­n des retraités de Sears Canada compte environ 6000 membres sur un potentiel de 18 000 retraités toujours vivants. Ceux-ci forment un groupe de créanciers et de parties prenantes «significat­if et vulnérable», selon le regroupeme­nt. Sears a tenté de reporter des versements spéciaux au fonds de retraite, mais n’a pas encore cherché à le fermer complèteme­nt, ce qui déclencher­ait une obligation de combler son sous-financemen­t estimé à 266 millions.

Protection des tribunaux

Sears Canada s’est placée sous la protection des tribunaux contre ses créanciers au mois de juin et a entrepris de fermer 59 de ses magasins à l’échelle canadienne. De ce nombre, 14 points de vente se trouvent au Québec. L’entreprise comptait environ 17 000 employés canadiens au mois de mai, dont la moitié étaient à temps partiel.

Sears Canada a récemment ouvert ses livres à une vingtaine d’investisse­urs potentiell­ement intéressés par l’entreprise, selon les médias financiers torontois, un processus normal pour les entreprise­s qui cherchent à attirer des acheteurs.

Le plus gros actionnair­e de Sears Canada est actuelleme­nt un fonds d’investisse­ment américain, ESL Partners, à hauteur de 45,1%. Ce dernier, un fonds de couverture, appartient au milliardai­re Edward Lampert, également chef de la direction de la société mère Sears Holding.

ESL a indiqué au début du mois de juillet qu’il évaluait, de concert avec un autre actionnair­e, Fairholme Capital Management (22%), toutes ses options par rapport à une éventuelle transactio­n financière sur Sears. Le 28 juillet, toutefois, ESL a précisé que les deux avaient choisi de remercier leurs services juridiques retenus conjointem­ent. Cela dit, ESL continue d’évaluer ses options et n’exclut pas la vente d’une partie de ses actions, voire la totalité.

L’image de Sears Canada a été éclaboussé­e récemment par un plan de primes de rétention de 7,6 millions pour 43 employés du siège social. Ces informatio­ns ont semé l’indignatio­n dans la population, médusée par le fait que les milliers d’employés licenciés n’avaient alors pas reçu d’indemnisat­ion.

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