Des droits d’auteur pour les machines ?
Le nombre croissant d’objets artistiques créés par des machines pose le problème du « copyright ».
Lorsqu’un portrait intitulé The Next Rembrandt a été dévoilé en avril dernier à Amsterdam, le monde de l’art a été interpellé. Ce n’était pas une oeuvre longtemps perdue qui avait été retrouvée, mais un tableau inconnu, généré par un ordinateur. Ce projet, réalisé par l’agence de publicité J. Walter Thompson pour promouvoir l’esprit d’innovation dans la culture aux Pays-Bas, a réuni des historiens, des développeurs et des analystes.
Ils ont d’abord créé une vaste base de données des peintures du maître, puis ont analysé des centaines de toiles pour arriver à produire un tableau fidèle en tout point au style de Rembrandt, capable de tromper les plus grands experts de l’art flamand.
Mais ce n’est qu’un exemple parmi un nombre croissant de
travaux artistiques réalisés par des ordinateurs: au Japon, un roman a atteint la finale d’un prix littéraire national. DeepMind, l’entreprise de Google qui se consacre à l’intelligence artificielle, a composé une mélodie originale. Des articles de presse et des poèmes ont été rédigés par des logiciels conversationnels.
Nouvelles techniques d’apprentissage
Mais alors, qui détient les droits d’auteur de ces oeuvres inédites? C’est la question posée par Andres Guadamuz, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle, dans le journal The Conversation. Les nouvelles techniques d’apprentissage profond (le deep learning, qui est une forme d’intelligence artificielle) permettent de générer des ouvrages artistiques sans intervention humaine. Alors que les hommes programment les algorithmes, le pouvoir décisionnel — l’étincelle créative — provient essentiellement de la machine.
Le statut des machines en question
Cela ne signifie pas pour autant que le droit d’auteur devrait être attribué à l’ordinateur. Les machines n’ont pas (encore) les droits et le statut des personnes en vertu de la loi. Mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il n’y ait pas de droits d’auteur non plus. Pour Guadamuz, accorder ce droit à la personne ou l’entité qui a piloté le travail de l’intelligence artificielle semblerait la solution la plus logique.
À mesure que les machines évoluent pour reproduire les capacités humaines, il faudra envisager de les doter de protections morales et juridiques. Ce que nous considérons aujourd’hui comme des droits «humains».